RED : UN RECIT SANGLANT DE WARREN ELLIS

Paul Moses est un ancien tueur au service de la C.I.A. Et pas n'importe lequel : le meilleur dans sa partie, une machine à tuer. Tout cela c'est du passé, car il s'est retiré du circuit et ne pense plus qu'à vivre en paix, tout en luttant contre les souvenirs de ses exactions qui reviennent le tourmenter régulièrement. Le problème, c'est que la direction a changé chez ses anciens patrons, et que le nouveau directeur fraîchement nommé a décidé qu'il valait mieux pour l'Amérique se débarrasser d'un individu aussi impliqué dans de sales affaires, et aussi dangereux. 
Bien entendu, tout cela n'est pas du goût de Paul qui n'apprécie guère qu'on souhaite le liquider après autant de temps passé à servir bassement la nation. Il prend alors la route de Langley pour aller trucider ces bureaucrates ingrats qui le menacent, et ce faisant il ne choisit pas de faire dans le détail. Tout ce et ceux qui se dressent à un moment donné sur sa route, que ce soit des tueurs venus en finir chez lui, ou les forces de l'ordre chargé de le contrôler et de l'appréhender, finissent avec une ou plusieurs balles dans le crâne. C'est une course poursuite décidée et sans retour vers une vengeance implacable qui s'organise, dans cette brève bd en trois parties, toutes réunies ici en un seul album, chez Panini.
Bon, Warren Ellis a déjà fait des choses bien plus profondes, c'est évident. Le temps à disposition de l'auteur est court, et il est clair qu'il lui est impossible de développer une vraie intrigues fournie avec aussi peu de pages à disposition. Au moins le personnage de Moses est-il imposant et inflexible, et donne envie d'en savoir plus sur cette personnalité monomaniaque qui ne révèle aucun point faible à l'extérieur, mais repense pourtant souvent aux drames dont il est le responsable, dans l'intimité. L'ensemble est violent et comprend un nombre appréciable d'exécutions à l'arme à feu, mais manque singulièrement d'ampleur et d'intrigues secondaires. On part en ligne droite et on ne dévie pas un instant de ce qui est une trame à sens unique, et désespérée. Cully Hamner est un choix compréhensible en ce sens : ses dessins sont incisifs, chirurgicaux, et évitent d'en rajouter, notamment par le biais d'une fréquente construction à trois ou quatre cases horizontales qui accélère encore le rythme de la vengeance en cours. Peu de dialogues et de didascalie, Red se laisse lire très facilement et rapidement. Trop, probablement. Un album vite digéré et sympathique sur le moment, mais sans aucune chance de rester gravé dans la mémoire du lecteur exigeant. Ne me demandez pas de vous parler du film que je n'ai pas vu, et n'ai pas spécialement envie de voir. 


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