Batman est en mission dans les égouts de Gotham. Le rejeton d'une dynastie d'industriels a été enlevé et le justicier masqué est sur les traces du ravisseur, qui n'est autre que Killer Croc, plus bestial et reptilien que jamais. Malgré tout, celui ci n'a aucune chance face à Batman, qui triomphe sans coup férir. Cela dit, ce n'est pas un succès complet car la rançon apportée dans une belle valise pleine de billets a disparu. Subtilisée en douce par Catwoman, qui passait par là et a mis la main sur ce petit trésor. Certes, sa présence n'est pas un hasard, puisqu'on la découvre sous l'influence de la redoutable et ultra sexy Poison Ivy, dont les formes plus généreuses que jamais donnent vite des sueurs chaudes à tous les amateurs de rondeurs féminines. Le Dark Knight tente de l'arrêter, mais une main mystérieuse tranche son filin, et il fait une chute épouvantable, dont il ne ressort pas indemne. Pour opérer Bruce Wayne et lui retirer un bout d'os dans le crâne, on fait appel à un de ses anciens camarades de jeu, peut être le meilleur (et seul) ami de son enfance heureuse au manoir Wayne (avant la tragédie) : Thomas Elliot, devenu brillant chirurgien solitaire. Du coup, Batman se rétablit très vite, et l'enquête repart de plus belle. Catwoman souhaite régler ses comptes avec Poison Ivy, elle le baiser charnel qu'elle échange avec la Chauve-souris achève de convaincre Batman de l'accompagner à Metropolis, sur la piste de la plantureuse rouquine. Metropolis, c'est aussi le domaine réservé de Superman, qui du coup déboule dans le récit, et va même se battre contre notre héros, sous l'influence, lui aussi, de Poison Ivy. C'est toutefois dans l'ombre que le mystère gagne en profondeur. Après chaque altercation, chaque temps fort de cette histoire, on retrouve un personnage dont le visage est couvert de bandelettes, comme une momie, et qui semble mépriser particulièrement l'amitié, la solidarité, et tirer les fils des évènements dans le plus grand secret. Mais qui est-il donc?
Un des grands plaisirs de ce Silence, c'est le travail remarquable de Jim Lee. En forme olympique, le dessinateur multiplie les angles de vue et les cases spectaculaires, et livre une prestation plastique de haute qualité, qu'on pourrait prendre comme mesure étalon pour jauger tout artiste souhaitant imprimer mouvement et action à un comic-book. De plus, Jim a la chance de pouvoir illustrer tout un panel de personnages propres à l'univers de Gotham. Du beau linge y passe, du Joker à Harley Quinn, de Double Face à l'Epouvantail, en passant par Killer Croc et Ra's Al Ghul. Certains penseront que cette sarabande est pertinente et s'inscrit pleinement dans le cadre de l'évolution du récit, et du piège qui lentement se referme sur un Batman désorienté, d'autres y verront un tour de force stérile et un défilé forcé de tout ce que le monde de Gotham compte de notables super-héroïques . Loeb pousse le vice à faire se rapprocher notre héros et Catwoman, et met en scène le fantasme du geek Dc, à savoir une love story assumée entre les deux amants ennemis, et sa révélation inéluctable : Bruce dévoile sa double identité à l'ancienne voleuse! Reste à percer le mystère du grand vilain de l'histoire. Rappelez vous une évidence : quand un personnage disparu, ou inventé ad hoc, pénètre d'un coup sur la scène et monopolise les affects du lecteur pendant plusieurs épisodes, ce n'est jamais en vain. Partant de ce constat, il est fort probable que les plus malins d'entre vous ne se laisseront pas dépister par une des scènes clous de ce Hush (un assassinat dans une ruelle poisseuse) et découvriront le pot aux roses plus rapidement que prévu. Mais peu importe la rapidité avec laquelle il est probable que vous arriverez à vos propres conclusions, ce qui compte ici, c'est la dextérité avec laquelle ces douze numéros s'égrènent, et tiennent le lecteur en haleine. Loeb et Lee signent un petit bijou que tout bon fan de Batman ne peut ignorer.
La version publiée par Urban Comics propose de surcroît un cahier bonus de 80 pages avec croquis, couvertures, et autres petits plaisirs coupables, qui viennent enrichir un album déjà indispensable en soi. Le cadeau du printemps à faire, ou se faire?
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