Frank Miller, bien avant de devenir
l'artiste controversé qu'il est aujourd'hui, pour ses tendances
républicaines conservatrices assumées, était curieusement un des
dessinateurs les plus appréciés par le public progressiste et
démocrate, dans les années 80. Un artiste cool, au sommet de la
vague, qui travailla sur nombre de séries Marvel, comme en témoigne
aussi notre article du jour, consacré à ses nombreuses couvertures.
Miller est avant tout l'artisan d'un cycle légendaire sur Daredevil
(42 épisodes, la création d'elektra, et une pépite éternelle
comme Born Again). Fasciné par une certaine esthétique de la
violence, qu'il parvient à retraduire dès les années 70 avec les
codes du cinéma, au point d'être le précurseur papier d'un
Tarantino, par exemple, Miller s'est aussi essayé sur des séries
plus obscures et où il a laissé des souvenirs plus modestes, comme
Marvel Spotlight, Marvel Fanfare, Power Man and Iron Fist, ou encore
quelques numéros de Spider-Man, amazing et spectacular. Il a
contribué à populariser le personnage de Wolverine, dans une mini
série spin-off des Uncanny X-Men, au début des années 80. Ce qui
frappe chez Miller (période Marvel), c'est le sens du découpage,
des formes et des corps qui sortent de l'ombre pour devenir des
armes, cette agressivité rentrée qui ne tarde pas à éclore et
sera le sel même du long run sur Daredevil, qui fera entrer
définitivement tête à cornes dans l'âge adulte. Aujourd'hui donc,
un petit hommage à cette période gritty et noir, avec une série de
covers parfois oubliées, comic-books mineurs qui sont toutefois
autant de témoignages d'une époque en mutation, et d'un des leaders
de ce vent du changement.
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