SPIDER-MAN 10 : QUI EST ALPHA?

Pourquoi croyez-vous que Spider-Man n'a jamais été affublé d'un side-kick, comme beaucoup d'autres héros en ont à leurs cotés? Peut être parce que Peter Parker n'incarne pas franchement l'idée que l'on se fait d'un mentor responsable, lui qui passe le plus clair de son temps à vivoter comme un étudiant et à se torturer de questions morales absconses à en oublier de vivre? Mais les temps changent. Parker travaille maintenant aux labos Horizons et il a mis au point une source d'énergie illimitée, directement reliée à l'univers. Lors de la démonstration publique devant une classe d'étudiants, c'est la catastrophe. Un acte discret de sabotage, et un des gamins présents se retrouve foudroyé sur place en voulant sauver une de ses camarades de classe. Andy Maguire, c'est son nom, n'est pas mort pour autant, loin de là. L'histoire se répète : il a acquis du même coup des pouvoirs fabuleux, qui font de lui, auparavant simple étudiant anonyme et coincé, un super-héros aux dons illimités, peut être le plus fort potentiel de toute la communauté Marvel. C'est Spider-Man qui est chargé de veiller sur les premiers pas de celui qui va devenir Alpha, le jeune super-héros Vrp, tête de pont pour la publicité chez Horizons (une manière d'éviter de dédommager les parents après l'incident). Problèmes relationnels en vue : Andy est grande gueule, frimeur, aime ridiculiser son prochain et se placer sous les feux des projecteurs, alors que Peter Parker prêche les "grandes responsabilités", le profil bas et l'entraînement rigoureux et humble. Alpha peut se permettre d'écraser Giganto, une des créatures souterraines de l'Homme Taupe, sans trop forcer son talent, mais quand le Chacal ourdit un plan à ses dépends, la force brute risque bien de ne pas être suffisante. Spidey au secours!
C'est forcément drôle et truffé d'humour. On sourit beaucoup dans ce trio d'épisodes qui tente de faire le pont entre ce qui est arrivé à Parker, et le présent incarné par Maguire. Un cadeau anniversaire pour le lecteur, parfois traité avec une pointe de superficialité (l'incident aux Labos : il suffit de tourner une manette pour que tout parte en vrille. C'est ça la sécurité chez Horizons?) et parfois avec sagacité (Spidey propose un programme Acolyte à son jeune apprenti, mais celui-ci comprend que le tisseur est l'acolyte qu'on lui a confié). Humberto Ramos dessine cette aventure dans son style caractéristique, entre cartoon et super-héroïsme, avec un sens du mouvement et de l'action notable, mais aussi des silhouettes épaisses comme des grissins, ce que je trouve irritant. Le hic, c'est le troisième et ultime volet. A force de jouer dans la surenchère, la crédibilité s'envole pour de bon alors que Spidey se transforme en train d'atterrissage pour sauver sa tante d'un crash aérien, et que Alpha ridiculise les Vengeurs. Too much mister Slott, too much

Le reste de la revue m'a fait bailler. Surtout Avenging Spider-Man, d'un profond ennui à ne plus se réveiller. Le Tisseur fait équipe avec Captain Marvel (Carol Danvers) pour sauver une certaine Robyn, qui s'avère en fait être une construction artificielle dont la masse grandit à chaque choc qu'elle reçoit. Un épisode sans aucun pathos ni intérêt, le pire que j'ai pu lire depuis des mois dans le mensuel. C'est dessiné par les époux Dodson, qui ne donnent pas la plénitude de leur talent, par ailleurs. Bref, pourquoi s'attarder d'avantage sur ce truc inutile? Scarlet Spider vient clore le sommaire. Ses investigations aux siège de la Roxxon Corporation de Houston, à la demande de la fille du patron qui révèle les manigances du géniteur et met la puce à l'oreille de notre héros, le porte à rencontrer un groupe de super types locaux, les Rangers. Une équipe originale et sympathique avec deux membres qui rappelleront des souvenirs aux nostalgiques des Avengers West Coast (l'eclair vivant et Firebird). Une vingtaine de pages qui se laissent feuilleter assez facilement, mais qui n'ont pas grand chose d'inoubliable non plus. Ne vous attendez pas à du Stegman aux dessins, ce mois-ci vous trouverez Khoi Pham, et vous verrez, c'est banal, tout au plus. C'est bien cela le problème avec les revues mensuelles chez Panini : pour lire une série que vous souhaitez absolument avoir sous les yeux, vous devez composer avec deux autres dont vous ne raffolez pas forcément. Bon, 5 histoires pour 4 euros 80, le prix rachète cet inconvénient... 


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