Thanos, de la plus
tendre enfance jusqu'à nos jours. Tout ce que vous avez toujours pu rêver de
savoir sur cette menace cosmique, sans jamais avoir osé le demander. C'est
Jason Aaron qui vous livre les clés d'une enfance surprenante. Thanos est le
fils du plus grand savant de Titan, la plus importante des lunes de Saturne, et
dès sa naissance, il échappe de peu à une mort prématurée des mains de sa
propre mère, qui a reconnu en lui un funeste présage pour l'univers. Notre
grand vilain est de couleur violette, et ressemble à un petit monstre, par
rapport à tous ses compagnons de jeu, mais il n'empêche, les autres l'acceptent
tout de même, et il peut faire preuve d'une intelligence hors du commun, durant
ses plus jeunes années. Paniqué à l'idée de voir du sang lors de simples
séances de dissections éducatives, Thanos n'a rien d'un fou sanguinaire, mais
l'existence peut se révéler cruelle. Certaines expériences vont peu à peu le
faire évoluer vers le coté obscur de sa personnalité, comme par exemple voir les
cadavres de ses amis dévorés par des reptiles, après l'effondrement d'une
grotte, ou encore la fréquentation de pirates de l'espace, et de leurs méfaits
quotidiens. Thanos ressent un vide au fond de lui, un gouffre qu'il ne parvient
pas à combler. Personne ne l'aime vraiment, au sens des sentiments profonds, de
l'amour vrai. Sauf peut être une mystérieuse amie qui encourage ses noirs
penchants, et qui se comporte un peu comme une mauvaise conscience titillant le
Titan à commettre le mal, à assumer le plaisir de l'interdit. Thanos a beau
voyager dans le cosmos, répandre une progéniture nombreuse à travers de
multiples races et planètes, sa destinée n'est pas de semer la vie, mais bel et
bien la mort. Quand il réalise que la seule façon de séduire celle qui se dérobe
à ses avances est de trucider jusqu'aux siens, Thanos ne se pose pas de
question, et devient celui qu'il devait être, pour le malheur de la création
toute entière.
Il est bien évident
qu'un être de la complexité de Thanos se devait d'avoir une sorte de
"biographie officielle" avant un événement comme Infinity, prochaine
déflagration cosmique à venir chez Marvel (en ce moment pour ceux qui lisent la
Vo), et le second film des Avengers où son rôle serait prépondérant. Nous
avions déjà pu récolter des pièces éparses à travers les 40 ans d'existence du
personnage, le voyant tenter de détruire plus de la moitié de l'univers et
devenir l'équivalent du Dieu absolu (Infinity Gauntlet), puis se raviser et
endosser les habits d'un vieux sage un peu fou, du nihiliste assagi. Aaron nous
présente un Thanos irrécupérable, car hanté par le vertige de la chute, dévoré
par le néant, la non connaissance de soi, la recherche abyssale d'un sens à une
vie passée à séduire la Mort. C'est particulièrement bien narré, cohérent, et
pathétique dans le bon sens du terme. Simone Bianchi livre des planches fort
belles pour magnifier le tout. Dommage que les couleurs soient un peu trop
foncées et appuyées par moments, je serais vraiment surpris et ravi d'avoir une
version noir et blanc de cette Ascension de Thanos, pour apprécier d'avantage
le trait de l'italien, crépusculaire et torturé. Les 5 parties sont réunies
dans un même numéro de Marvel Universe, pour un prix dérisoire comparé à ce
qu'ont du régler les américains pour la même saga. Un très bon point pour
Panini qui n'a pas tardé à nous la proposer, à un rapport qualité/prix
admirable. Seul petit bémol, le personnage de Mentor, le père de Thanos (ici
A'Lars) ne sort pas grandi de cette aventure, et semble aveuglé par un
angélisme curieux. Le père de Thanos que nous connaissions depuis Starlin avait
plus de sagesse et de charisme que ce pauvre géniteur brillant mais transparent
devant l'adversité. Pour le reste, la liaison désespérée entre Thanos et la
Mort trouve ici une nouvelle et éloquente raison d'être, et promet de biens
sinistres rebondissements à venir. Thanos n'a jamais si bien porté son nom.
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