Le Projet Marvels est un comic-book didactique. En ce sens qu'il permet, à toute une nouvelle génération de lecteurs ignares du sujet, de se replonger dans le monde merveilleux des premiers personnages masqués, à une époque révolue où Marvel était connue sous un autre patronyme (Timely) et où le monde était à feu et à sang, embourbé dans un second conflit mondial qui allait dépasser en cruauté, en abomination, ce que l'américain moyen pouvait alors imaginer. Ed Brubaker montre l'étendue de tout son talent, en allant repêcher tous ces justiciers et autres défenseurs du bon droit tombés dans l'oubli, en assemblant patiemment événements véritables (la guerre, Pearl Harbor...) et fantaisistes marquants ayant contribué à la genèse de tout un univers super héroïque (la naissance de l'androïde Human Torch, l'expérience ayant crée le super soldat Captain America, sans oublier des événements moins cruciaux mais tout aussi poignants comme l'assassinat de Balle Fantôme, premier "masque" à tomber en costume, dans une ruelle new-yorkaise.). Le Pojet Marvels convoque sur la scène tous les grand noms de l'époque, assigne à chacun sa partition et orchestre ce ballet des origines, où chaque figure nous rapproche un peu plus encore de l'univers des encapés tel que nous le connaissons : une irrésistible marche vers l'avant, vers un monde où le merveilleux devient règle commune.
Steve Epting en profite au passage pour nous livrer ce qui est peut être son meilleur travail artistique à ce jour. Ses planches classiques et ombrageuses confèrent à cet album toute la gravité qu'il inspire, avec un brio certain. C'est Thomas Halloway, alias l'Ange, détective costumé et protagoniste de ce "golden age" des héros, qui est le narrateur de ce récit, qui puise ses racines et son rythme dans la plus grande traditions des aventures d'espionnage, entre trahisons, complots, et révélations. Nous passons avec plaisir de l'Allemagne nazie, où le Crâne Rouge prépare ses premiers plans diaboliques, et où un jeune Nick Fury organise ses premiers raids, au sol américain, qui doit subir les assauts du Prince des mers, Namor, qui ne tardera pas à se raviser, une fois qu'il aura découvert que les terriens qui ont assailli son royaume étaient en fait commandités par son rival, le perfide Merrano. Nous assistons aussi à l'attaque aérienne japonaise à Pearl Harbor, baignée par les larmes de Human Torch et de son jeune acolyte, Toro, impuissants devant une telle démonstration de force. Sans jamais céder à la facilité, se montrer banal ou lourdement rhétorique, Brubaker et Epting réussissent le tour de force de raviver les étincelles de la légende, de leur rendre lustre et pertinence, à temps pour célébrer les 70 ans de Marvel, anniversaire à l'origine du projet. Indispensable pour les amoureux du golden age.
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