Aaron Stack n'est pas un être humain
classique, c'est une construction mécanique (Machine Man, ou encore X-5)) doté
de sentiments, de la capacité d'éprouver ce que nous autres éprouvons, au
quotidien. Il se retrouve un beau matin téléporté sur la Lune, aux cotés du
célébrissime Gardien (Uatu), dont la mission d'observer la vie sur notre
planète est entravée depuis une vingtaine d'année. Uatu a besoin d'un
successeur, pour voir à sa place, et lui raconter ce qui se passe chez nous, à
savoir le début de la fin. Car sur Terre les choses ont bien changé. Tous les
êtres humains ont "mutés", c'est à dire que leur potentiel génétique
a évolué, et qu'ils se sont retrouvés avec des pouvoirs particuliers. Les héros
d'autrefois sont devenus monnaie courante, dans une nouvelle humanité qui peut
lancer des rayons par les yeux, ou créer la vie par simple toucher. Mais une
telle situation a engendré un incroyable chaos, dans un monde si bouleversé et
effrayé que c'est désormais la nourriture qui est la source principale de
richesse personnelle. Il semblerait que ce soit l'explosion d'un système
d'alimentation énergétique, à l'échelle mondiale, qui ait entraîné ces
mutations. Le coupable (il s'estime comme tel et s'acharne à trouver un remède)
serait Reed Richards, des Fantastiques, qui a d'ailleurs vu la moitié de son
équipe (les Storm, Sue et Johnny) tomber au combat contre Fatalis et Namor. Les
Vengeurs aussi n'existent plus, mais Tony Stark, qui s'est isolé dans une
chambre forte à l'épreuve de la contamination (et vit dans une solitude forcée)
à forgé des "Iron Avengers" à l'image de ses compagnons morts. Thor
est désormais une femme, Spidey a raccroché ses toiles et c'est May, sa fille,
qui a hérité du costume de Venom, alors que Captain America lutte toujours, à
sa façon devenue obsolète, contre les forces de l'Hydra (des pieuvres
extra-terrestres qui contrôlent la psyché des victimes) ou le nouveau Crâne
Rouge, un gamin qui arbore fièrement un T-shirt à tête de mort, et qui opère
depuis San Francisco. Il semble être le mutant psy le plus puissant de la
planète, et bien décidé à subjuguer tout le monde. Mais est-ce bien
raisonnable, si la Terre est condamnée, et X-51 contraint d'assister impuissant,
en spectateur, à ses derniers soubresauts?
C'est la fin de l'année, c'est donc
l'heure des Omnibus chez Panini. Le premier, consacré à la saga des Vengeurs,
The Crossing, a déjà été chroniqué sur ce blog. Le second l'est aujourd'hui.
Force est de constater, une fois le livre en main, que le nombre de pages fort
inférieur aux autres Omnibus (plusieurs centaines de pages en moins!) n'a en
rien influé sur le prix, qui reste particulièrement élevé, 66 euros! Certains
(comme moi) auront profité d'un "glitch" sur Amazon, c'est à dire de
la mise en vente d'un produit à prix inférieur et probablement erroné (moins de
27 euros) et ils auront eu bien raison. Dommage car Earth X est une histoire
adulte, poignante, peut être confuse et pompeuse par moments, mais toujours
novatrice et dérangeante. Nous assistons à une alternance de flashbacks, de
moments forts de l'histoire Marvel telle que nous la connaissons, et
d'expositions de ce qu'est devenue la Terre, ce que sont devenus les héros
autrefois craints, admirés, et aussi haïs. Chaque épisode se termine par un
rajout sous forme de dialogue écrit entre X-51 et Uatu, ce dernier tentant de
répondre aux interrogations d'Aaron, tout en le rabrouant régulièrement pour
son trop plein de compassion. Jim Krueger a probablement du passer de longs
mois à peaufiner ce monde sur le bord du chaos, pour le rendre aussi harmonieux
et crédible, notamment sur ce qui est des vrais causes de la catastrophe, et le
rôle des célestes, la nature même de l'homme. Le grand Alex Ross a ébauché le
lay-up des personnages et signé les couvertures, alors que le dessin véritable
est oeuvre de John Paul Leon, dont le trait gras et les ambiances sombres
finissent par hypnotiser le lecteur. Je le répète, Earth X n'échappe pas à un
petit défaut, celui d'être pompeux, celui de vouloir faire la synthèse finale
et définitive du monde Marvel, d'en fournir les clés d'entrée et de sortie, le
tout sous les applaudissements. Mais la saga reste un fort beau moment de
lecture, qui laisse des souvenirs durables et mérite vraiment de figurer dans
votre bibliothèque. Il vous en coûtera moins cher en Vo, c'est évident,
d'autant plus que la version de Panini est avare de bonus et de croquis, malgré
l'espace conséquent à disposition. C'est toutefois un fort bel objet à
feuilleter. Ce sera donc votre budget qui fera la différence, pesez bien le
pour et le contre.
Commandé en VO pour ma part !
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