Prenez la série des Avengers, tiens.
Redémarrage au numéro 1, nouvelle formation, lutte contre Ultron... Vous allez
croire que je vous parle de l'opération Marvel Now, mais il n'en est
rien. Tout ceci s'est déjà passé de la sorte en 2010, avec l'arrivée d'une
nouvelle ère, qui fut brève, The Heroic Age. Les Vengeurs sortaient
d'une période assez sombre, et les membres principaux de l'équipe avaient tous
subis, les années précédentes, de rudes épreuves qui avaient modifié le roster
des plus grands défenseurs de la Terre. Thor était mort, puis revenu. Stark
presque mort, le cerveau vidé comme une disquette, puis il avait récupéré ses
données. Steve Rogers présumé mort, en fait perdu dans le temps. Les revoir
tous ensemble, ce fut un soulagement, et un plaisir. A n'en pas douter, Brian
Bendis attendait ce moment, pour rendre aux Avengers ce souffle épique, ce sens
du merveilleux, qui petit à petit s'était transformé en un récit relevant plus
du soap-opera. Certes, avec des codes narratifs et de langage modernes, propre
au divin scénariste chauve, mais sans la folie de la démesure qui devrait
marquer de son sceau ce genre de série bigger than life. The Heroic
Age commence donc avec une histoire de déchirure temporelle, une guerre qui
se joue dans un lointain futur, entre Kang le Conquérant et le robot Ultron, et
qui a pour enjeu la destruction de notre planète, certes, mais aussi la
destruction du temps. Parmi les autres joueurs, les enfants des Vengeurs,
chaperonnés par un Stark vieillissant, et une version future de Hulk, qui n'est
pas sans rappeler le Maestro, ce dictateur impitoyable qu'il pourrait devenir.
C'est Kang qui vient d'ailleurs à
notre époque, pour solliciter l'aide des Avengers. Avec les années, cet archi
vilain a fini par devenir plus sage, au point de comprendre ... qu'il souffre
d'un gros problème de personnalité, et qu'il ne pourrait jamais se convaincre
lui même de ne pas livrer bataille à Ultron, au sommet de sa puissance, dans le
futur. Pour tout résultat de cette lutte au sommet, le temps a été déchiré
comme un vieux linge, et New-York est par exemple la proie d'incursions de
dinosaures, d'incongruités cosmiques (Galactus vient nous dévorer) et autres
personnages hors de leur ère. Pendant qu'une partie de nos héros tentent de
mettre de l'ordre et d'apporter un peu d'aide bienvenue, les autres, les gros
calibres, partent dans ce futur bien sombre pour empêcher l'inévitable, ce qui
implique d'aller rencontrer Ultron face to face, pour entamer de bien
étranges négociations, seules mesures capables de mettre un terme à toute cette
folie. Ensuite, pas de répos pour les braves. Parker Robbins, l'ancien caïd du
crime connu sous le nom de The Hood, dans le milieu, est parvenu à s'évader de
prison, et il s'est mis en tête de réunir les six gemmes de l'infini, qui
confèrent à leur possesseur un statut divin. N'est pas Thanos qui le veut, mais
qui le peut. Ce second récit est beaucoup moins saillant que le premier, plus
banal, sans grands temps forts, si ce n'est la révélation de l'existence du
groupe des Illuminati pour Steve Rogers, qui finit par s'en accommoder, et
l'intégrer. Romita Jr est le dessinateur de ce Marvel Deluxe à destiner au fans
du plus grand groupe de héros du monde, tel que vu au cinéma. Curieusement, il
semble s'appliquer et revenir presque à ses meilleurs jours, dans le premier
arc narratif, avec des scènes chocs et de belles planches ultra dynamiques
quand il le faut (certes, il ne faut pas être allergique à son style parfois
minimaliste, voire caricatural). Toutefois, au fil des pages, on le voit bâcler
de plus en plus son travail, et les derniers épisodes sont très loin des
premiers, et donnent une impression brouillonne assez moche. Que cela ne vous
empêche pas de vous procurer ce Deluxe, qui reste globalement d'un niveau fort
acceptable, et constitue les prémices de ce qui allait venir ensuite, toujours
avec Ultron.
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