MARVEL ICONS : SPIDER-MAN PAR STRACZYNSKI ET ROMITA JR (TOME 1)

Sagas inoubliables de l'univers Marvel, ou run complets et marquants de grands auteurs sur les principaux personnages, peu importe. La collection Marvel Icons a de quoi faire saliver, associant une pagination conséquente, et un prix raisonnable. Coup d'essai coup de maître avec un premier volume disponible, consacré au Spider-Man de Straczynski. Opportunisme éditorial évident (Spidey est en salle et fait recette) doublé d'un choix qualitativement remarquable. Le Spider-Man en question a le mérite d'ouvrir de nouvelles pistes dans l'histoire décennale du héros, et de proposer de nouvelles choses, au risque de devoir faire marche arrière des années plus tard. Les pouvoirs de Peter Parker sont ainsi approfondis, et c'est leur aspect totémique qui est mis en avant : un signe, un coup de pouce du destin, pour une transformation en homme araignée qui n'est plus seulement due au hasard. Forcément, à nouvelle genèse, nouveaux ennemis et amis. C'est l'occasion pour Spidey de croiser le chemin de Morlun, une sorte de vampire invincible, qui se nourrir des énergies des êtres investis par les pouvoirs totémiques en question. Ezechiel entre aussi dans la danse, en tant que figure tutélaire (et par endroits à la limite paternelle) et salvatrice pour Peter Parker. Un guide au beau milieu de la tempête, dans un moment qui passera aux annales comme une des confrontations les plus angoissantes pour Spider-Man. Morlun est véritablement une opposition spectaculaire, et superbement caractérisée. Avec Straczynski, on ne reste pas dans l'immobilisme et le passé, j'en veux aussi la décision de Parker de devenir enseignant. Un prof pas comme les autres, qui a forcément des problèmes avec son emploi du temps, qui se retrouve sur l'estrade amoché après les combats de la veille, mais va être aussi capable de développer une relation de qualité avec ses élèves, et de là même de faire un pas en avant dans une vie personnelle trop souvent négligée ou maltraitée par des scénaristes qui maintiennent le jeune homme dans un statut de benêt malchanceux et tourmenté par ses dons pourtant fantastiques.

C'est bien cela qui constitue le sel de la période Straczynski. Une envie de raconter des choses qui ne sont pas forcément inédites, mais jamais narrées de cette manière. Parfois c'est un peu moins spectaculaire (toute la partie avec le Doctor Strange, une affaire mystique fumeuse), d'autre fois c'est remarquable, poignant, aidé il est vrai par les cruels événements du monde extérieur. Je veux bien sur parler de l'effondrement des Tours Jumelles à New-York, après les attentats du onze septembre. L'épisode spécial qui avait fait couler tant d'encre à l'époque est présent dans ce volume, et c'est aussi une belle leçon d'héroïsme, avec une rhétorique plus habile et nuancée qu'il n'y parait, que livre le scénariste, épaulé par un Romita Jr au sommet de son art. JrJr n'avais pas encore commencé sa descente décevante vers une abstraction toujours plus évidente, et il prêtait encore une attention aux détails et à la lisibilité de ses planches qui en font un des artistes dominant de ces vingt dernières années chez Marvel. Le coté sentimental n'est pas non plus en reste dans ce Tome 1, puisque la relation entre Mary-Jane et Peter bat de l'aile, et que ce dernier va aussi devoir combattre pour le coeur de la rouquine, en plus de sa galerie de vilains anciens et nouveaux qui viennent le tourmenter. Et puis dulcis in fondo, c'est aussi l'heure pour la Tante May d'apprendre enfin la véritable double identité de son cher neveu, sans pour autant la voir s'effondrer et subir quatre attaques cardiaques en une nuit, dans la foulée. De beaux dessins, de nombreux épisodes intéressants et pertinents, bref le sommaire de ce Marvel Icons en fait un must have pour les fans du tisseur ou ceux qui découvrent en ce moment l'univers Marvel. Panini détient là probablement sa collection souvenir la plus réussie. Quelque chose me dit que les lecteurs vont l'adopter, et l'adorer. 


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