INFINITE CRISIS TOME 1 : LE PROJET OMAC

Les amateurs de récits au long cours ont de quoi se réjouir. Urban Comics présente ce mois-ci le premier tome d'une intégrale consacrée à Infinite Crisis, l'événement qui secoua l'univers Dc en 2006. En général, quand un crossover se targue de l'appellatif Crisis, c'est qu'il est de poids et capital pour l'ensemble des héros de cet univers, de Superman aux plus modestes, et c'est bien entendu le cas. Par modestes, j'entends Blue Beetle, ou Booster Gold, par exemple. Ted Kord (le premier cité, dans le civil) est aux aguets, puisqu'il se rend compte, alerté par Oracle (Barbara Gordon en chaise roulante, avant qu'elle ne reprenne sa carrière de Batgirl), que son entreprise est concernée par d'étranges disparitions de fonds, à des fins nébuleuses. En cherchant bien, un nom, un acronyme, finit par aparaître. O.M.A.C. Dans la première de quatre mini-séries qui servent de préambule au véritable feu d'artifice, le grand vilain prend l'apparence de Maxwell Lord, qui chapeaute une organisation redoutable, Checkmate, dont il a éliminé les dirigeants. Dans le collimateur de Lord, le satellite espion de Batman, Brother Eye, mis en orbite suite au drame narré dans Identity Crisis. Batman aime tout savoir sur ses amis et ses ennemis, et il a une fâcheuse tendance à compiler données et observations discrètes. Entre de mauvaises mains, le tout a un pouvoir de nuisance certain, et de quoi sérieusement entamer la confiance et l'unité apparente qui cimente la communauté des héros. Maxwell Lord a des idées de génocide en tête, et son projet suprême consiste à se débarrasser de tous les méta-humains de la Terre, sans faire dans la finesse. Les conséquences ne manquent pas, ni les moments forts.

A commencer par Maxwell Lord qui abat Blue Beetle. Ou encore Batman, qui pour demander de l'aide à la Ligue de Justice, va devoir avouer certaines de ses petites manies à des amis qui se sentent trahis. Jusqu'à la tragique conclusion pour Lord, des mains d'une Wonder Woman qui n'a pas peur de se salir quand il le faut, contrairement à d'autres moralisateurs qui rechignent à la tâche. C'est un thème cher aux américains, et à nos sociétés informatisées et robotisées, qui se décline ici : le contrôle, la liberté, la surveillance comme garante de notre protection, ou comme premier pas vers une aliénation complète? Et où s'achève la justice, et commence la vengeance? La morale aussi a ses limites, comme le démontre Superman, boy-scout parfois trop naïf, et pour cela vaincu avant de lutter. Les O.M.A.C démontrent eux qu'une force de frappe absurdement disproportionnée ne peut entraîner qu'une avalanche de dégâts collatéraux. C'est bien en cela que ce premier tome est important, pour la suite d'Infinite Crisis, qui n'a pas encore vraiment débuté : avant l'action pure et dure, ce sont les valeurs morales et les liens de confiance qui se délitent en premier, semant ainsi les germes d'un vaste séisme qui secouera la communauté super-héroïque dans les prochains tomes. Greg Rucka réalise un travail soigné et minutieux qui touche juste sa cible, tandis que les dessins de Jesus Saiz (loin d'être le seul artiste dans ces pages) sont également remarquables. Cet album Urban Comics reprend les six épisodes de la mini série, un numéro de Countdown to infinite Crisis en guise de préambule, et le petit crossover entre Superman et Wonder Woman qui vient enrichir la trame. Avec quelques petites fiches et de jolies covers à la fin, pour faire bonne figure. L'achat n'est pas une mauvaise idée. 


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