DAREDEVIL TOME 1 : LE DIABLE DE CALIFORNIE

Les lecteurs Vf de longue date le savent, Daredevil est un personnage qui a beaucoup voyagé. De la vieille revue Strange à la Version Intégrale de chez Semic, du mensuel anthologique Marvel à Marvel Knights, de numéros hors-séries aux albums librairie, garder la piste du diable rouge n'est pas chose aisée. Avec l'arrivée de la nouvelle mouture targuée All-New Marvel Now, Daredevil retrouve la collection 100% Marvel qu'il a déjà fréquenté, pour un nouveau cycle d'aventures dépaysantes. Matt Murdock ayant finalement du révéler au monde entier, et en plein tribunal, le secret de sa double identité (restait-il un seul new-yorkais qui l'ignorait?), il a été rayé du barreau et a du prendre ses valises pour aller trouver refuge à San Francisco, en compagnie de sa nouvelle associée et compagne Kirsten McDuffie. Le voyage n'est pas de tout repos, puisqu'il trouve le temps d'un face à face impromptu avec un super adaptoïde défectueux, qui a échappé à son créateur, le Penseur Fou, pour vivre sa propre existence de faux être humain. Un épisode 0.1 qui permet à Mark Waid de donner le ton et attirer les nouveaux lecteurs, tout en rassurant les autres, avec une continuité totale garantie. On avance toujours sur le même rythme, avec les mêmes discours de fond : c'est une version adulte et parfois tragique de Daredevil qu'il nous offre, mais comme le héros garde le sourire et refoule agréablement son coté dépressif au profit d'une feel-good vision de l'existence, les pires obstacles sont affrontés avec le calembour aux lèvres et en quelques bonds de cabri. D'ailleurs DD quitte la grisaille de Big Apple pour s'installer plus au sud, dans une ville où sa double vie est assez facilement acceptée, au point qu'il est d'emblée convoqué par la police, pour devenir consultant exceptionnel lors d'une affaire d'enlèvement : la petite fille d'une adjoint au maire a disparu, et lorsque tête à cornes la retrouve, il se rend compte qu'elle a été transformée en bombe humaine par ses ravisseurs. Une chouette pendaison de crémaillère. 


L'arrivée en Californie installe Daredevil dans un nouveau statut. Plus besoin de se cacher, puisque tout le monde sait qui il est vraiment, au point que lorsque Matt est en terrasse pour prendre un verre, de jeunes fans viennent faire des selfies. Cela dit, l'habitude de vivre de mensonges est dure à abandonner. Il en reste un, et de poids, concernant le destin de Foggy Nelson, ancien associé et meilleur ami. Atteint d'un cancer et en pleine chimiothérapie, Foggy a finalement succombé, aux yeux du monde entier, mais pas de la manière dont on aurait pu s'attendre, en raison de la maladie. Ceci nous est narré dans l'épisode conclusif de ce premier tome, où nous apprenons la vérité, après une série d'allusions disséminées à plusieurs moments dans les récits précédents. Nous faisons aussi la rencontre du Suaire, un justicier aux méthodes discutables, et plutôt instable du ciboulot, qui ne vit pas forcément très bien l'arrivée d'un héros concurrent dans sa ville, et puis nous retrouvons (encore et encore) de vieux ennemis, en la personne du Hibou, qui n'en finit plus de fréquenter le quotidien de Daredevil, même quand celui-ci change de côte. Le dessin est confié à Chris Samnee, qui brille avant tout par son story-telling, sa mise en pages, car pour le reste, bien que récompensé aux Eisner Ewards et encensé par les lecteurs, j'admets avoir une petite réserve sur certaines silhouettes, certaines anatomies, qui empruntent trop au cartoons. Le premier épisode est de Peter Krause, qui oeuvre dans une veine assez similaire, tout en conservant une touche plus réaliste et classique. Inutile de préciser que les amateurs du run de Waid ont toutes les raisons du monde de prolonger l'expérience, et d'aller acquérir cet album fort sympathique. Daredevil reste Daredevil, et avec la série Netflix sur le point de démarrer, gageons que Tête à cornes a encore de longs et beaux jours devant lui. 




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