BATMAN ETERNAL : TOME 1

Dc Comics a une marotte particulière, ces dernières années : produire des séries à un rythme hebdomadaire, plutôt que mensuel. Depuis Infinite Crisis : 52, c'est même devenu une pratique courante. Cette fois, c'est l'univers de Gotham qui a droit à ce projet, avec Batman : Eternal, dont le premier tome est édité en Vf chez Urban. La première impression (positive) que nous retirons de l'ensemble est liée au fait que nombre de personnages plébiscités par les lecteurs sont de la fete, du Pingouin à Catwoman, de Batgirl au Red Hood . Cette histoire s'ouvre sur ce qui apparaît à l'évidence comme un complot ourdi contre le commissaire Gordon. Ce dernier est en mission dans les égouts de la ville, contre les malfrats du Dr Pyg, et il est épaulé, comme souvent, par Batman. Mais lorsque les criminels prennent la fuite et se séparent pour faire perdre leurs traces, Jim Gordon n'a d'autre choix que de tirer, pour désarmer l'homme qu'il avait choisi de poursuivre. Bien mal lui en prend car la balle, à défaut d'atteindre sa cible, va provoquer une catastrophe d'une ampleur apocalyptique dans le métro de Gotham. Une tragédie encore plus cruelle quand les vidéos de surveillance démentent le policier, en prouvant que le malfaiteur n'était pas armé! C'est la bavure inexplicable, et il y a trop de morts pour fermer les yeux. Gordon est ainsi destitué de son rang, et c'est la prison qui l'attend, outre une opprobre qu'on devine éternelle. Batman ne laisse pas tomber pour autant son vieil allié et se propose de le tirer d'affaire en élucidant ce qui parait être une machination aussi complexe qu'incompréhensible, à ce stade de l'enquête. Seule certitude, le nouveau commissaire par intérim est un pourri qui a un concept corrompu de son métier et de la justice, d'autant plus qu'il est au service d'un revenant, d'une des grandes figures de la pègre de Gotham, le légendaire romain, Don Carmine Falcone. Un come-back qui tombe à pic, et soulève de nouvelles interrogations. 


Bien sur, pour accomplir un tel tour de force, hors de question de dépendre d'un homme seul, ou d'une équipe restreinte. C'est un pool d'auteurs qui se relaient au chevet de Batman Eternal, pour produire un récit qui avance  à ce rythme hebdomadaire. Les grands artisans sont Scott Snyder et James Tynion IV, qui s'occupe de la trame et du scénario proprement dit. Ils plongent Gotham dans une nouvelle guerre des gangs, où chaque camp passe à l'offensive puis doit subir les rétorsions des adversaires, alors que ce sont les innocents qui risquent le plus d'en pâtir, sans négliger que dans l'ombre, une tierce-partie tire les ficelles bien à l'abri...Le dessin est réparti entre un grand nombre d'intervenants, et cela peut nuire à l'unité de l'ensemble. Le meilleur de ceux qui prêtent leurs crayons à Eternal est probablement Jason Fabok, en charge des trois premiers épisodes. Dans la veine d'un Finch ou un Jim Lee, son style sombre et réaliste convient comme un gant à Gotham. Nous trouvons aussi Peter N'Guyen, Mikel Janin, ou encore Guillem March, pour citer les artistes les plus influents. Ian Bertram signe un numéro en fort décalage artistique avec les autres, avec des planches caricaturales et torturées, qui surprend et probablement attirera d'inévitables critiques pas forcément infondées. Certains renâcleront devant l'inéluctable dilution de l'intrigue (on avance à pas mesurés, sans se presser...) ou face à une énième série consacrée à Batman et sa "famille "(la vingtième en ce moment?) alors que tous les titres un tant soi peu novateurs et audacieux sont effacés ou déprogrammés au bout de dix/quinze mois de parution. Accès de frilosité de Dc Comics, ou signe que les lecteurs préfèrent toujours qu'on leur donne la becquée, pris dans leur majorité? En tous les cas l'édition Vf, chez Urban, est tout sauf un larcin. Treize épisodes pour une grosse vingtaine d'euros et des poussières, voilà un argument qui va en faveur d'un investissement dans cette nouvelle longue saga aux couleurs du Dark Knight. 



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