Mercredi dernier a été le jour de sortie du premier numéro de la nouvelle série régulière signée Jeff Lemire, chez Image Comics. Descender est une histoire de robots, et d'humains guidés par la peur, et l'ignorance. Mais peut-on les blâmer pour autant? Lemire, grand spécialiste des récits intimistes et philosophiques, a ces derniers temps laissé libre cours à son amour (et son talent) pour la science-fiction, et c'est dans cette veine que s'inscrit ce titre très attendu. L'auteur nous offre d'emblée une coalition de huit planètes et invente un univers futuriste où l'humanité a recours aux robots pour toutes les tâches du quotidien. Jusqu'au jour où pour une raison inconnue à ce point du récit, cette propension à la robotique est source d'un terrible drame, à tel point que la décision de traquer et d'anéantir ces constructions si utiles autrefois finit par être adoptée et mise en oeuvre. Dix ans plus tard, un jeune garçon s'éveille, dans une colonie minière abandonnée. Son seul compagnon est un chien, du nom de Bandit. Ah oui, détail d'importance, le gamin fait partie du modèle Tim, petits robots familiers qui ont connu leur ère de gloire quinze ans auparavant. Nous comprenons, grâce au croisement des deux lignes narratives du récit ( le réveil de Tim et la catastrophe causée par des robots géants) que les deux événements décrits vont se répondre et se nourrir, et qu'ils sont intimement liés, mais bien malin qui réalisera comment, et pourquoi. Pour l'instant, c'est le climat instauré par Lemire, et les dessins riches en couleurs, en suggestions et hautement inventifs (à tel point qu'on se prend à rêver à une adaptation moderne du cycle de Fondation d'Asimov) de Dustin NGuyen qui prennent le lecteur par la main, et le guide vers un univers narratif truffé de promesses et qu'on devine d'une complexité jouissive. Jeff Lemire réussit le pari de nous placer en territoire aussi étranger que familier, en une seule et même occasion. Nous avons l'impression de lire une synthèse de tout un pan d'histoire de la science-fiction, aussi bien au cinéma qu'en bande-dessinée. Avec en toile de fond une traque, et donc une fuite (qui sera aussi un parcours initiatique) pour le petit héros de l'histoire, comme un écho à ce qui fut une des clés du succès de l'extraordinaire Sweet Tooth, qui attend toujours une publication Vf chez Urban Comics. Je répéterais bien, pour conclure, que Jeff Lemire est un des plus grands scénaristes du moment, mais ce serait souligner l'évidence, alors je préfère vous inciter à vous procurer ce numéro un, et à le savourer sans retenue.
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