AVENGERS L'ERE D'ULTRON : LA CRITIQUE

Joss Whedon avait déjà utilisé cette expédient narratif lors de son run sur la série Astonishing X-Men. La salle des dangers qui servait de lieu d'entraînement avait acquis une conscience et était devenu un organisme autonome pas forcément amical. C'est un peu ce qui se produit dans ce film des Avengers avec Ultron qui n'est au départ qu'un simple programme de surveillance et de protection de la planète, secrètement mis au point par un Tony Stark toujours friand de petits secrets. Mis à part Bruce Banner, tous les autres  coéquipiers au sein des Vengeurs ignoraient cette idée malheureuse. Lorsque Ultron prend vite et devient capable de pensées autonomes, ses projets pour l'humanité sont assez effrayant. Pour lui la paix globale n'est possible qu'au prix d'une gigantesque hécatombe; les humains doivent évoluer vers quelque chose d'autre, qui ressemble fort à une extinction à échelle planétaire. Pour le contrer les Avengers vont devoir passer outre certaines petites disputes en famille, exacerbées par les pouvoirs de Wanda Maximoff (ici dans une incarnation émo-gothique), une jeune mutante qui à la faculté de jouer malicieusement avec les esprits. A ses côtés nous trouvons son frère jumeau Pietro, dont le costume est en fait une publicité permanente pour Adidas, et ressemble plus à l'équipement d'un sportif du dimanche. Puisque j'en suis à la critique du look des personnages signalons aussi le look de la Vision, création du robot Ulron. Il n'est pas particulièrement du meilleur goût, au point qu'on a parfois l'impression qu'il s'agit d'un simple cosplayer qui se retrouve un peu par hasard parmi les plus grands héros de la terre. Le film déroule son scénario avec une certaine facilité et finalement assez peu de prise de risque; la recette appliquée dans le premier volume reste la colonne portante du second, à savoir grand spectacle, affrontement colossaux, petites blagues permanentes qui finissent par en devenir un peu irritantes. Est-il bien nécessaire par exemple de transformer un dieu guerrier toujours prompt au pillage et à l'action glorieuse (Thor) en un comédien de stand up qui se comporte en pleine bataille comme sur le plateau de Letterman? Probablement le prix à payer pour apporter une touche de coolitude à ce film qui ne ménage pas les effets pour attirer un public de toute manière conquis d'avance.


L'aspect intéressant du film c'est probablement les motivations et les défauts intrinsèques à sa nature du robot Ultron. Si dans la bande-dessinée celui-ci est la création du savant Hank Pym, dans la version cinématographique il est donc le fruit des machinations de Tony Stark. Du coup dans un complexe d'Oedipe fascinant le voilà engagé dans une lutte contre son père qu'il n'a de cesse de vouloir dépasser voire effacer. Le problème se complexifie davantage quand Ultron devient lui même le créateur d'une autre forme de vie en partie robotique, l'être qui va devenir la vision et qui à son tour va se retourner contre ce que l'on pourrait appeler son géniteur. Il manque juste un élément très important présent dans le comic book à savoir l'attachement morbide que pouvait éprouver Ultron vis-à-vis de sa prétendue mère, c'est-à-dire Janet Van Dyne, l'épouse de Hank Pym. Stark est un célibataire et un dragueur cet aspect ne pourrai donc pas être exploré convenablement. Ce second volet reste fort recommandable si vous venez pour voir un grand spectacle made in Marvel, vous en aurez vraisemblablement pour votre argent. Certes il n'échappe pas à quelques longueurs ou quelques moments un peu plus faibles dont la raison d'être est vraisemblablement d'humaniser un groupe qui pourrait autrement paraître trop loin des aspirations de nous autres simples pauvres petits mortels. Nous avons droit ainsi à une parenthèse surprenante et bucolique en plein milieu du film lorsque les Avengers se réfugient pour panser leurs plaies, dans la petite fermette familiale de Hawkeye. Celui-ci, toujours campé par un Jérémy Renner avec de faux airs d'un ancien alcoolique repenti, a une grosse différence par rapport à ses compagnons: une véritable famille, un véritable foyer, qui l'attend entre deux missions. Ses coéquipiers sont eux seuls, même si on assiste à un début de relation entre la Veuve Noire et le docteur Banner. Le SHIELD et son chef occulte Nick Fury sont aussi de la partie, et on peut regretter qu'aucun des acteurs qui animent la série télévisuelle consacrée à ce groupe du contre-espionnage ne soit présent dans le film, pas même l'agent Coulson. Ce qui renforce l'idée du caractère très secondaire de cette série qui va pourtant débarquer très bientôt dans les kiosques en version française, dans un nouveau mensuel chez Panini. Qu'à cela ne tienne, chaussez vos lunettes 3D et allez-vous faire ponctionner d'une douzaine d'euros chez votre multisalles de quartier, et mettez votre cerveau en pause pour deux bonnes heures. Si pour vous Avengers l'Ere d'Ultron doit être avant tout un divertissement qui n'a pas honte de sa nature, et assure le job, je ne pense pas qu'il vous viendra à l'esprit de demander un remboursement. 


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