Avec un second numéro qui suit de très près le premier, Secret Wars ne perd pas de temps et joue carte sur table dès cette semaine. Cela fait des mois qu'on nous rabat les oreilles avec la notion de Battleword, cette seule et unique planète sur laquelle sont condensés tous les univers narratifs possibles, sous forme de "territoires" particuliers, donnant naissance chacun à une série dans la série. Par exemple, nous aurons un continent baptisé Spider-Land, un autre l'Empire Hydra, ou encore Dystopia, ou le Green Land. A la tête de tout ceci, pas un monarque absolu, mais pratiquement un dieu, dont la parole est loi. Si vous êtes restés jusqu'ici et avez entrepris la lecture de cet article, c'est que de petits spoilers ne vous font pas peur, alors je me permets de développer. Doom est celui qui est tout et décide tout dans ce nouvel univers qui est un concentré de tout ce que Marvel a pu produire à un moment ou un autre de son histoire, durant plus de cinquante ans d'aventures. Chaque territoire a ses barons, ses gouverneurs locaux, mais c'est lui qui est l'être suprême de cette nouvelle réalité, et en dehors de son royaume, qu'une armée de Thors défend depuis une muraille gigantesque qui protège ses terres, nous trouvons une horde de créature zombies ou de Ultrons déchaînés qui livrent une lutte sans pitié et sans fin. Jonathan Hickman parvient admirablement bien à présenter les enjeux, donner une géographie crédible à l'ensemble, et à instaurer un véritable climat de changement à son récit, qui pour le coup n'a rien d'un long What If? sans conséquences, mais ressemble déjà un tournant majeur dans l'histoire de la Maison des Idées. Fatalis, donc, et sa cohorte, ses fidèles, sa cour, et croyez-moi, il est assez réjouissant de voir ce que le scénariste semble vouloir nous révéler. Cependant, comme dans toutes les mécaniques bien huilées, il suffit parfois d'un petit grain de sable pour que tout les rouages se grippent. Ici, cet univers où l'ancien monarque de Latvérie est Dieu n'admet pas le doute à une foi aveugle, basée sur le principe simple et absolutiste que tout est Doom et Doom est tout. Alors qu-est ce vaisseau qui a fait intrusion au Royaume, et qui sont ces êtres qui en sortent, et on le devine, vont semer le trouble dans ce portrait dystopique et violent? Si vous avez lu la fin du run de Hickman et le premier numéro de Secret Wars, vous ne serez pas si surpris... Après tout, qu'étaient-ils devenus, ces membres de la Cabale, avec Thanos à leur tête? Soulignons également la très belle prestation d'Esad Ribic aux dessins, qui contribue beaucoup à l'instauration d'un climat crépusculaire et glacial, et parvient à dépeindre un monde au delà des mondes tel qu'on pourrait le rêver dans un cauchemar futuriste. Secret Wars #2 est une réussite flagrante, complexe, intelligente, qui nécessite du temps à la lecture, de l'attention, et sait placer ses enjeux et ses pions avec une dextérité remarquable. Et si Secret Wars était géniale, tout simplement?
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