Lorsque Brian M.Bendis entreprend de mettre un terme à l'épopée des vengeurs en 2005, avant de les remettre dans la course à sa sauce et selon sa convenance, il charge également un certain Michael Avon Oeming de s'occuper du dernier story-arc consacré à Thor, avant le grand relaunch. Ce dernier va mettre les petits plats dans les grands, en recourant à un artifice redouté et maintes fois évité : Ragnarok, à savoir la fin des dieux Nordiques, le cataclysme final. Au point même que le dieu du tonnerre et tous ses semblables vont périr, qu'Asgard va sombrer, que le marteau enchanté Mjolnir sera brisé. Mettre un terme à toute cette mythologie a un sens, puisqu'elle baigne, depuis sa création, dans cette prophétie de malheur, cette annonce inéluctable d'une fin qu'un jour fatale elle connaîtra. Reste que jusque là, les lecteurs de Thor avaient eu droit à une longue série de "Presque Ragnarok", "Petit Ragnarok sans envergure", ou encore de "Ragnarok évité de justesse". Cette fois, c'est 2012 avant l'heure. 40 ans d'histoire qui volent en éclat, quand Thor comprend que des forces supérieures se jouent de lui et de ses congénères. Le cycle qui les voient lutter, triompher, succomber, revenir, ne pourrait être interrompu qu'au prix d'un ultime sacrifice, d'une folie renonciatrice, d'un geste si improbable que personne n'y avait jamais songé. Thor ose, et c'est la fin, de tout, de tous. "Ceux qui siègent dans l’ombre" n'ont plus qu'à se résigner, quand le grand blond au marteau sacrifie ses yeux et se soumet aux rituels qui ont offert la Connaissance, la vrai, à son père Odin. Le rideau peut tomber, Asgard no more.
Un bien bel album à se procurer en urgence que celui ci. Ne serait-ce que parce que la première publication en Vf, sur les pages de Marvel Icons HS 1, voilà quelques années, fut un gros succès, et que cette revue avait fini par se négocier à des prix prohibitifs (une trentaine d'euros) sur les sites de ventes aux enchères. Certes, cette collection Best Comics ne me plait pas forcément. Le format n'est pas exceptionnel, l'aspect souple est assez pratique mais la qualité du papier vraiment décevante. Reste que c'est économique d'avoir un album librairie pour une dizaine d'euros, mais c'est encore mieux d'avoir un hors série en kiosque pour moins de six! C'est l'italien Andrea Di Vito qui réalise ici les belles planches que vous allez lire, et qui dépeint les derniers jours d'Asgard. C'est beau, c'est sombre, je recommande. Ajoutons que cet événement a une portée un peu moins solennelle pour nous autres, qui connaissons le destin que Bendis et consorts avaient en réserve pour Thor et l'univers asgardien. D'ailleurs, pour lire la suite, si par hasard vous êtes encore novices et souhaitez prolonger l'aventure de cet album, regardez du coté de la collection (bien plus élégante, mais aussi bien plus chère) Marvel Deluxe, et les albums Thor dessinés par Olivier Coipel, la frenchie star de ces derniers mois. Pour économiser un peu, allez donc chercher la réédition en Marvel Select. Un Best comics sous forme de testament historique, que tous les fans du grand blond avec un marteau se doivent de lire, mais aussi une bonne histoire solide. Un rappel intéressant à l'heure où le Dieu Tonnerre est incarné par une femme, et que Thor, désormais indigne de Mjolnir, s'est fait couper un bras par Malekith et recourt à une bonne vieille hache pour se faire respecter. Titré en VO "Thor Disassembled", cette histoire est à inclure dans la vaste fresque de Bendis, qui provoqua la dissolution finale des Avengers, avant une refonte de l'équipe sous le titre des "New Avengers".
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