Quand une vache laitière produit cinquante litres par jour, et qu'il lui reste encore de quoi remplir quelques bouteilles, on peut bien pousser à soixante ou soixante-dix allégrement. Même principe avec les zombies ces temps derniers. On y a droit à toutes les sauces, toutes les déclinaisons, et il était inévitable que The Walking Dead, le plus gros et important phénomène liée à ce courant, finisse par avoir son spin-off. Place donc à Fear The Walking Dead, qui nous ramène quelques jours avant la pandémie totale, quand les premiers cas déclarés d'infection ne sont encore qu'une vague rumeur qui circule parmi les conspirationistes ou les lycéens qui passent trop de temps sur Internet. Pendant que Rick Grimes est dans le coma (vous vous en souvenez encore, hein?) la vie suit son cours, et cette série dérivée se concentre principalement sur le quotidien d'une famille recomposée, avec en tête de gondole le fils junkie qui se réveille à l'hôpital (le leitmotiv "Walking Dead") et qui hésite entre accepter l'idée de devenir cinglé, ou avoir vraiment assisté à une scène horrible : sa copine en train de dévorer d'autres petits drogués comme lui. Nous sommes à Los Angeles, et les deux parents sont des enseignants (la mère est plus conseillère d'orientation) de la middle classe aisée, qui vont mettre un certain temps (comme du reste la population) à réaliser que l'apocalypse est aux portes de la ville. D'ailleurs la réalisation s'amuse, par le biais de plans longs et immobiles, à repousser l'inévitable, avec une petite musique bien prenante en fond sonore. A plusieurs reprises on s'attend à voir débarquer un zombie dans cette série, mais c'est en fait dans les ultimes minutes que FTWD passe la vitesse supérieure, et sort l'artillerie lourde pour nous faire plonger dans le vif du sujet. Auparavant on a droit à un jeu d'acteur aussi irritant que soigné de Frank Dillane, qui interprète Nick, le fils camé. Dès son apparition durant l'introduction, la caméra s'attarde souvent avec trop de complaisance sur lui, aux portes de l'élégiaque ridicule; pourtant il est indéniable que ce rôle oscille entre l'actor-studio caricatural et le franchement réjouissant. Il faudra voir par la suite, pour se faire une idée définitive. Pour ma part, je suis plutôt emballé et séduit par le concept, car n'oublions pas que nous sommes toujours dans l'ignorance du pourquoi et du comment de cette invasion zombie, et que nous avons pris le train en cours de trajet, et perdu les savoureux moments de la panique qui s'installe. FTWD va donc nous permettre de rembobiner et pénétrer dans ce territoire inconnu et riche de possibilités, et nous offrir une plongée glaçante dans l'inéluctable enfer qu'est aujourd'hui le présent de la série mère, The Walking Dead. Comme si Robert Kirkman acceptait l'idée d'avoir un bon paquet de choses à raconter sur les premiers temps de l'horreur, mais d'avoir omis ou pas eu la possibilité de fourrer l'ensemble dans ses comic-books. La séance de rattrapage est donc lancée, avec une montée en puissance longuette par moments, mais qui atteint sa cible en fin d'épisode. Après avoir bien joué avec nos nerfs pendant une heure (qui sera le premier vrai zombie en situation? Le proviseur? Le patient du lit d'à coté?) et déjà entamé une opération séduction qui risque de prendre sans trop de mal. Saletés de zombies, tiens.
FTWD est diffusée sur AMC et en parallèle sur Canal + séries.
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