ATLANTIS ATTAQUE : L'OMNIBUS

L'automne est la période des Omnibus chez Panini. Comme il est désormais de tradition, deux nouveaux gros volumes vont débarquer (peut-être) sur vos étagères en ce mois d'octobre. Le premier d'entre eux récupère nombre d'épisodes inédits, et propose un vaste crossover englobant la production des annuals de 1989. On y découvre le leader de la race des Déviants, Ghaur, et Lyra, depuis le royaume de Lemuria. L'objectif est la fameuse Couronne des Serpents, et le retour sur notre plan d'existence du Dieu Seth, voué au mal. Et ça commence de manière assez absurde, avec Ghaul (désincarné) qui agresse le Silver Surfer et file droit vers la Terre après avoir parasité sa planche à la manière d'un virus. Cap sur la cité de Lemuria, donc, branche rebelle d'Atlantis, pour le début d'un long plan tarabiscoté qui s'étale dans 14 parties pas toujours très digestes. Les royaumes sous-marins sont à l'honneur, puisque les méchants du jour englobent également Attuma, à cette époque installé sur le trône d'Atlantis à la place de Namor, et qui va participer à une attaque contre le monde de la surface afin de l'affaiblir et le rendre plus facile à vaincre. C'est ainsi que de nombreux héros vont se retrouver parties intégrantes du crossover, comme Iron Man et Namor qui sont les premiers à entrer vraiment dans la danse. Arrive ensuite la Société des Serpents, qui va servir pour les basses besognes, et aider à retrouver des artefacts nécessaires au rétablissement de Seth. Cette "société" est habituellement ennemie de Captain America, et on y trouve des costumes et des individus aussi folkloriques qu'improbables. Ici ils vont se frotter aux Uncanny X-Men dans une succession d'affrontements isolés. A partir de là, tout part en vrille et le scénario éclate en une multitude de pistes qui ont du mal à former un semble cohérent. On va voir apparaître Spider-Man dans l'affaire (avec des dessins de Rob Liefeld, mesdames et messieurs. Le pire ou le meilleur des années 90 anticipés dans ce numéro) mais aussi le Punisher, qui fait équipe avec Moon Knight pour contrer Viper et une drogue qui transforme ses victimes en serpents humains. Si Bill Reinhold nous régale avec des planches solides, structurés et fort soignées, on perd un peu de vue les premiers enjeux, surtout quand on se rappelle que tout a débuté dans l'espace avec le Surfer et une présence cosmique. Et cela continue aussi avec l'annual de Spectacular Spider-Man, qui est plus terre à terre et fait intervenir la Cape et l'Epee, toujours concernée lorsque des histoires de stupéfiant sont au menu. A ce point, tout de même, vous aurez noté que l'attaque d'Atlantis, ce n'est pas pour tout de suite...

C'est bien le problème avec cet Omnibus : la difficulté de coordonner les efforts, et la trop grande variété des titres et des héros concernés par cette attaque d'Atlantis. Difficile de faire cohabiter dans un même récit choral les mutants, le Punisher, le Silver Surfer et Daredevil, ou Iron Man. C'est pourtant ce que Marvel souhaitait faire, mais les bonnes intentions laissent souvent la place à des épisodes décousus, pas forcément inintéressants, mais qui paraissent s'insérer de force dans la grande trame, au grand dam de la logique ou de la continuité de l'action. Une action qui prend une tournure vicieuse lorsque Ghaur se met en tête de trouver des jeunes femmes à marier pour les différentes têtes du Serpent, et kidnappe donc des héroïnes aussi sexy que iconiques comme Miss Hulk, Jean Grey, ou encore Susan Storm des Fantastiques. On trouve aussi Dagger (l'Epée) qui a toujours été un des personnages les plus clairement attirants selon mes propres standards. Il faudra bien sur que les gros calibres montrent les muscles pour résoudre cette crise assez nébuleuse. Je veux parler des Avengers et des Fantastiques, les premiers cités étant à l'époque divisés en deux formations (côte ouest et est) mais toujours prêts à sauver le monde, avec l'aide du Docteur Strange. Le final manque clairement d'inspiration et de punch, avec une décision assez peu crédible, et l'intervention de forces extérieures qui laissent le lecteur avec un fort sentiment d'inachevé. On a déjà connu Roy Thomas plus incisif dans on écriture, ici épaulé par d'autres noms ronflants et adorés des fans, John Byrne notamment. Les numéros qui composent cet omnibus sont Surfer Annual 2 ; Iron Man Annual 10 ; Avengers West Coast 56, Annual 4 ; Marvel Comics Presents 26 ; Uncanny X-Men Annual 13 ; Amazing Spider-Man Annual 23 ; Punisher Annual 2 ; Spectacular Spider-Man Annual 9 ; Daredevil Annual 5 ; Avengers Annual 18 ; New Mutants 76, Annual 5 ; X-Factor Annual 4 ; Web of Spider-Man Annual 5 ; Thor Annual 14 ; Fantastic Four Annual 22. Reste la grande question : même s'il s'agit de matériel inédit pour beaucoup de lecteurs, pourquoi ce choix, pourquoi ce récit très daté et déconnecté de la réalité présente, sachant que 66 euros, ce n'est pas non plus une dépense à portée de toutes les bourses. Honnêtement, je ne trouve rien d'indispensable dans cette parution, loin de là. 


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