GRAYSON TOME 1 : AGENT DE SPYRAL

La carrière de Dick Grayson a connu bien des hauts et bien des bas. Il est loin l'époque où le petit trapéziste perdait ses parents dans un effroyable accident arrangé, et se retrouvait adopté par un Bruce Wayne lui-même orphelin. Premier jeune prodige sous la cape de Robin, émancipé et enfin adulte dans le costume de Nightwing, successeur digne de ce nom à la disparition (momentanée) de Batman, le héros a finalement été démasqué publiquement durant l'arc narratif Forever Evil, et le monde entier le croit mort. Bien pratique quand on cherche à se faire oublier, et que le but est de prendre un nouveau départ à l'insu de tous. Exit le super-héroïsme pur et dur, la nouvelle série intitulée Grayson (l'accent est mis sur le coté humain et presque lambda du personnage) nous plonge dans le monde de l'espionnage, avec l'organisation secrète Spyral. Finalement Dick a l'air d'y être à l'aise, et semble doué pour ce genre d'activités, même si a ses cotés il doit composer avec la belle et redoutable Helena Bertinelli, celle que tous les lecteurs de l'univers Dc pre-New 52 connaissent en tant que Huntress (et préfèrent probablement dans cette ancienne version...). Bien sur, il n'est pas dupe non plus, et comprend vite qu'il ne faudra pas se fier au boss, le mystérieux Mr Minos, qui cultive dans l'ombre un secret inavoué. En se lançant à la recherche d'étranges organes qui peuvent conférer à leur(s) porteur(s) des pouvoirs étonnants, Dick va se retrouver (lui et Helena) face au Midnighter, qui vise un peu les mêmes choses, pour des raisons qu'il estime plus nobles. Bien sur, comme on parle de Grayson, on parle aussi de ...Batman. Même en solitaire et sur le chemin d'une nouvelle existence, il n'oublie pas de contacter en cachette son mentor et père adoptif pour des compte-rendus qui pourraient lui coûter très cher. Espionnage et double jeu font toujours bon ménage. 

La réalité est une imposture complexe, selon les dires de l'organisation Spyral. Cela se sent car le scénario mis en place par Tim Seeley (et épaulé par Tom King et ses bons conseils sur le fonctionnement du contre-espionnage américain) est assez complexe, ou tout du moins absolument pas linéaire et conventionnel. La part belle est laissée à l'action, avec un duo assez efficace, composé donc d'un Dick Grayson qui s'est vite habitué à sa nouvelle existence (on ne perd pas de temps à regretter le passé et à tenter de renouer les liens défaits suite à son présumé décès) et une Helena Bertinelli, ici appelée la Matrone, et qui joue le rôle de la maîtresse de cérémonie, injectant au passage une tension érotique évidente et convenue. 
Un des grands points positifs, c'est le dessin de Mikel Janin. Le type a beaucoup gagné en fluidité et en maîtrise ces dernières années, et dorénavant il livre des planches irréprochables et fichtrement bien illustrées, le tout en s'encrant seul. Les couleurs de Jeromy Cox sont aussi pour quelque chose dans le plaisir visuel de cet album, qui donne de bonnes sensations rien qu'en le feuilletant. Cependant je suis loin de partager l'enthousiasme débordant que j'ai pu trouver dans certaines critiques en Vo ou en Vf. Tout d'abord le titre est assez fragile et il n'apporte au final rien de bien décisif pour le personnage. La récréation spy-story est agréable, mais Grayson ne risque pas de faire carrière de la sorte, et va vite revenir dans le grand bain de l'héroïsme masqué. Ensuite passé l'effet de la nouveauté, on comprend que le contenu de ce premier tome est basique. Une course aux organes du Parangon, et aux dons qu'ils accordent, avec de la grosse baston et un parfum de complot permanent pour mettre du sel dans le plat. A lire, sans risque de grosse déception, mais ne vous attendez pas non plus à quelque chose d'inoubliable. 


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