JUSTICE LEAGUE TOME 8 : LA LIGUE D'INJUSTICE

Depuis les événements de Forever Evil, Lex Luthor a abandonné sa casquette de grand vilain de l'univers Dc pour jouer au héros improvisé. Aux yeux du monde entier, il fait partie de ceux qui ont sauvé la planète et ont contribué à repousser la menace du Syndicat du Crime, venu de Terre 3. Du coup, on comprendra pourquoi il se pavane devant les journaux et avance une prétention incroyable jusqu'alors : Lex souhaite intégrer la Ligue de Justice, et s'associer avec ces héros en spandex qu'il n'a jamais porté dans son coeur, tout occupé qu'il était à tenter de les détruire, Superman en premier lieu. Le repentir d'un tel criminel peut-il avoir la moindre valeur? Absolument pas, pensent les héros, et du coup Luthor se heurte à un refus. Mais il lui reste un atout de poids dans la manche, car il connaît désormais la véritable identité de Batman, et s'apprête à se rendre au Manoir Wayne pour avoir une discussion sérieuse avec le maître de maison, concernant son avenir avec la League. Finalement, ne vaut-il pas mieux garder ses ennemis près de soi, pour pouvoir les contrôler, plutôt que de leur laisser une trop grande marge de manoeuvre, et de recevoir un coup de couteau dans le dos à la première occasion? Geoff Johns poursuit son grand récit avec cette fois la classique inversion des rôles, à savoir le grand méchant qui devient chevalier du bien, même si berner l'opinion publique et la vigilance de Batman et consorts sont deux choses fort différentes. La réaction de Superman est par ailleurs éloquente, lui qui plus que n'importe quel autre a tous les motifs pour envoyer paître Luthor et ses exigences héroïques. Au dessin Doug Mahnke qui est un parfait exemple de bon artiste, sans pour autant mériter l'appellation de génie. Un travail propre et sérieux, mais qui n'affiche pas le coté spectaculaire de ses prédécesseurs sur la série, comme Jim Lee ou Ivan Reis, par exemple.  

La suite entre dans la catégorie de ce que je nommerai "un comic-book attendu et prévisible". En effet, nous avons affaire à la millième histoire de contamination et de virus en liberté publiée ces dernières années. C'est devenue un mantra, une mauvaise habitude, un moyen de donner quelques frissons à peu de frais à des lecteurs qui devraient pourtant s'être lassés depuis un bail. Ici il suffit d'une escarmouche dans les bureaux et les laboratoires de Lex Luthor pour qu'une brèche soit ouverte dans un caisson de rétention, et que se diffuse le terrible virus Amazo. A la croisée des chemins entre Ebola (les fortes fièvres) et une invention futuriste qui permet de réencoder le patrimoine génétique des infectés, voici venir une menace invisible et pernicieuse, qui se répand à vitesse grand V, et affecte pour commencer l'essentiel de la Justice League. Pas tous, car les personnages au patrimoine divin (Wonder Woman) ou les extra-terrestres (Superman) ne sont pas malades, ni Batman d'ailleurs, car il a mis au point une tenue étanche (tout au moins dans un premier temps...) lui permettant de secourir les infectés. Captain Cold est aussi de la partie : Snart est devenu le chef de la sécurité chez Luthor, et l'ancien grand ennemi de Flash est lui aussi dans une phase de rédemption transitoire, et doit mettre la main à la pâte pour sauver ce qui peut l'être. Jason Fabok est la bonne nouvelle de cet arc narratif. Depuis des années il gagne en confiance et en clarté épisode après épisode, et là il entre de droit dans la catégorie des dessinateurs capables de livrer une Justice League iconique et plastiquement irréprochable, flirtant avec la grandeur et la classe de Jim Lee himself. Pour le reste, on pourra se plaindre du peu d'importance que semblent avoir les autres membres du groupe, pas encore mentionnés, qui se retrouvent dans un lit d'hôpital dès les premières pages, et n'ont aucun autre rôle à jouer si ce n'est celui des malades à sauver. La Trinité des merveilles de chez Dc Comics se charge de tout le travail, avec un Batman qui finit lui aussi par se laisser gagner par les germes, et un virus Amazo qui à mon sens infecte un peu trop vite la population, et se retrouve contenu et vaincu à la hâte également. Dommage que cette aventure ne décolle jamais vraiment, et que sous la patine grand guignol et les effets de manche, on assiste à une poignée de numéros sans intérêt notable, et qui ne maintiennent guère les promesses initiales. En bonus Urban Comics nous offre Justice League of America #14, qui est aussi le dernier épisode de cette série morte bien jeune. On y apprend, grâce notamment à Stargirl et le Limier Martien, ce qu'est devenu le groupe, et ce qu'il pourrait devenir, avec les efforts de Green Arrow pour recoller les morceaux et préparer la succession. A la baguette, Matt Kindt. Potentiellement du lourd dans ce tome 8, mais rien d'inoubliable au final. 



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