La nouvelle ne fera pas forcément plaisir à ceux qui sont persuadés que c'était mieux avant, même c'est bien la version féminine de Thor qui est l'héroïne de la série targuée All-New All-Different, comme vous l'aurez compris dès la couverture. Donc, Jane Foster est toujours au centre du récit, elle qui est passée du statut de simple infirmière faire-valoir, élément romantique des vieilles sagas de Thor, à membre des Avengers et investie des pouvoirs de son ancien boyfriend. Tout irait pour le mieux pour la belle demoiselle si son état de santé n'inspirait pas les pires craintes. En effet, dans sa forme humaine, Jane est atteinte d'un cancer qui la ronge, et les traitements semblent impuissants pour la guérir. A quoi peut bien servir la chimiothérapie qu'elle affronte, puisqu'à chaque fois qu'elle endosse le rôle de Thor, son organisme détruit les substances qu'on lui a injecté pour la soigner, et n'attaque pas (c'est plutôt paradoxal) la maladie? Pour ce qui est du titre en lui-même, disons que de lourds nuages s'amoncellent à l'horizon pour le royaume d'Asgard. Déjà privée d'Odin et de Thor, avec Freya, la femme du premier nommé qui est incarcérée, la cité des Ases commence à trembler sur ses fondations, et ceci alors qu'une inévitable guerre des royaumes pointe le bout du nez. Jason Aaron choisit pourtant de faire les premiers pas en suivant Jane, et aborde à l'occasion de plein fouet le thème du cancer. Une expérience traumatisante et chargée de souffrance, qui n'est pas filtrée ici à travers de belles métaphores ou un travail vers l'abstrait : on sent l'honnêteté et la justesse dans le point de vue de l'auteur, et on comprend la situation de l'héroïne, qui trouve en Mjolnir une planche de salut momentanée, qui sera peut être aussi ce qui l'a poussera définitivement vers la défaite. Il est surprenant de constater que ce premier numéro offre une porte d'accès assez simple à franchir pour les nouveaux lecteurs, tout en s'occupant des anciens, qui seront en terrain connu. Comme si finalement il ne s'était rien passé, ou presque, durant les Secret Wars, qui par ailleurs ne sont pas achevées et dont le dernier volet est repoussé (again and again) pour janvier 2016 cette fois. Ici tout s'enchaîne aisément, mélangeant drame, intrigues (avec la compagnie Roxxon et le perfide Malekith, jamais aussi en vue que depuis son apparition au cinéma) et humour, qui permet d'alléger le propos. Russel Dauterman s'occupant pour sa part de magnifier des planches superbes, avec un trait souple et enchanteur, qui emprunte autant à Olivier Coipel qu'à Stuart Immonen. Voilà un artiste qui en deux trois ans a fait des progrès considérables, et qui s'affirme comme une valeur sure pour l'avenir de Marvel. The Mighty Thor redémarre donc sous de bons auspices, à défaut d'être véritablement "totalement différent" comme promis par la maison des (pas toujours très bonnes) idées.
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