Réjouissez-vous, le véritable Wolverine est de retour. Et non, je ne parle pas de ce mutant griffu que Charles Soule a transformé en statue d'adamantium dans un final pathétique et indigne de la longue carrière du personnage. Je parle du vrai Wolverine. Celui que les anciens lecteurs comme moi, de l'époque Lug et Semic, appelaient simplement Serval. Sauvage, animalesque, une force de la nature qu'il ne faut surtout pas déranger. Pas un directeur d'école ou un éducateur à la cool qui dispense des conseils zens. Une bête féroce et un homme, tout simplement, l'un étant indissociable de l'autre. Et si ce Wolverine là est de retour, c'est parce qu'en fait, il ne s'agit pas tout à fait de l'ancienne version récente, mais du Old Man Logan que nous avons retrouvé à l'occasion des Secret Wars. Jeff Lemire ne dément pas ce que nous savons de lui, à savoir qu'il n'a pas son pareil pour rendre attachant un héros, ou un individu des plus communs, en quelques pages et deux trois idées phares. Ici, il ramène notre vieux Logan en plein Times Square, et ses souvenirs remontent peu à peu à la surface. Pas assez vite pour éviter le contact avec la police et d'éviter de s'enfuir comme un criminel, mais suffisamment pour que le lecteur comprenne bien ce qui se passe sous ses yeux, et à quel point les réjouissances vont être savoureuses. D'autant plus que c'est Andrea Sorrentino qui officie aux dessins. Bref, des pages expressionnistes, vivantes, violentes, agressives, qui explosent la rétine et suintent l'adrénaline par chaque case, avec un découpage cahotique et nerveux. Le récit s'articule autour de deux axes : le présent et le passé, avec un long flash-back qui permet de comprendre à quel point Logan aimait sa famille, son fils, et combien il tenait autrefois (c'est à dire dans le futur, pour notre temps...) à maintenir son voeu le plus cher, à savoir ne plus sortir les griffes et contenir la violence qu'il abrite. Mais tout ceci n'est plus valable dès lors qu'il a tout perdu, que la vie lui a servi les mauvaises cartes, tout en lui offrant une chance inattendue; revenir dans le passé, avant que le monde devienne dingue, et pouvoir agir concrètement et changer le cours des choses. Ceci à sa manière, ce qui revient à dire faire du découpage industriel et chercher des noises à ceux qui un jour le brimeront et le trahiront, ceux qui vont devoir payer pour des actes pas encore accomplis, et le prix le plus élevé possible. C'est donc un classique moderne, chez les mutants, que de revenir en arrière dans le temps, et ou de se projeter dans le futur. Après les premiers X-Men qui ont intégrés notre ère temporelle, mettant à mal le Multiverse par la même occasion, voici la version désabusée et vieillissante (mais non moins dangereuse) de Wolverine qui vient combler le vide laissé par le triste sort qu'a connu le canadien de ces dames l'an passé. La grande différence résidant dans l'homme derrière cette décision. Lemire n'est pas Bendis, et s'il est moins glamour et incontournable pour les dirigeants de Marvel (pour le moment...) c'est un scénariste ultra doué qui fait mouche cette fois encore. Un titre à suivre absolument.
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