Finalement, je suis loin d'être le type le plus méchant, quand il s'agit de parler comic-books. J'ai même une tendance à me montrer bon public avec des séries qui sont d'un niveau qualitatif assez moyen. Mais avec All-New X-Men, nouvelle mouture, pas question de passer l'éponge et d'en dire de bonnes choses. Le titre est mauvais, très mauvais. Exit Brian Bendis, et place à Dennis Hopeless, qui n'a jamais été, par ailleurs un de mes scénaristes préférés. Ici il va devoir gérer la permanence dans le temps présents des premiers X-Men, amenés parmi nous par le Fauve, et qui sont restés envers et contre toute logique. Est-ce à cause de l'inflation des personnages différents et dotés de pouvoirs, mais la thématique principale est la haine des humains communs, face à ce et ceux qu'ils ne comprennent pas. Les mutants sont donc à nouveau une cible toute désignée, et il est compréhensible que certains groupuscules puissent se former afin de riposter, et d'affirmer haut et fort la fierté d'être en possession du gène X. Quitte à se comporter comme d'apprentis terroristes, et se moquer ouvertement des lois et de l'ordre. C'est ainsi qu'un gang de petites frappes encore immatures, et qui se servent de leurs dons pour des opérations coup de poing, revendique l'héritage de Cyclope, mais ne fait qu'alimenter le chaos ambiant. Scott Summers est mort, mais le jeune Scott lui est bien vivant, et il tente de mener une existence plus ou moins normale, incognito, tout en se confrontant en parallèle au racisme omniprésent. Ses anciens compagnons ont quitté l'école Jean Grey pour jeunes surdoués, et se sont séparés, disséminés un peu partout à travers les States. Sous l'impulsion du jeune Hank Mc Coy, ils vont se réunir, et se mettre sur les traces de leur ancien ami et leader à lunettes quartz rubis. Scott va devoir définir sa place dans notre monde moderne, la trouver, et choisir qui il veut être, dans quelle mesure, et comment. Le problème c'est que toutes ces exigences métaphysiques sont présentées à la hâte, sans conviction, ébauchées mais pas clairement. Le ton est moins enlevé que durant l'ère Bendis, on a quitté la sphère du soap super-héroïque pour pénétré une zone claire-obscure où il ne parait pas exister de ligne directrice précise. Ce premier numéro part sur un ton assez léger, voire badin (Laura et Warren qui flirtent) pour déboucher sur humains et mutants dos à dos, et Scott Summers en crise identitaire. Une écriture en pilotage automatique, de laquelle semble absente l'émotion, l'authenticité. De la redite, pas d'originalité. Et quelle déception de voir Mark Bagley bâcler sa prestation au dessin! Certes il a toujours eu un petit point faible : les visage des ses héros, trop semblables (son Peter Parker a été décliné à toutes les sauces, difficile de différencier ses créatures les unes des autres). Mais là, c'est franchement trop laid. Nous avons de nombreuses cases ratées, des plans discutables, des expressions distordues ou des corps disgracieux. Un de ses pires travaux depuis qu'il est actif chez Marvel. All-New All-Different, ces X-Men là ont tout pour nous faire regretter les grandes heures du passé de leurs aînés. Misez quelques euros sur la série mutante de Jeff Lemire, et gardez celle-ci pour les crise d'abstinence de comic-books, il y a bien plus sympathique à lire en 2016.
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