SHE WOLF #1 : CAUCHEMARS ET LOUPS GAROUS CHEZ IMAGE

Ce mardi nous allons faire un tour du coté d'un véritable Ovni impossible à identifier. Une nouvelle série publiée chez Image, dont le premier numéro remonte à mercredi dernier. Il s'agit de She Wolf, entièrement réalisée par Rich Tommaso, seul aux commandes et libre de créer en toute liberté, ce qui donne au final une bande-dessinée impossible à caser dans le moindre tiroir à facilité. Il s'agit d'un récit "pour lecteurs adultes" qui puise son inspiration dans l'horreur, et la fable du loup garou. Première remarque du lecteur distrait et paresseux, un coup d'oeil aux planches avec une remarque laconique : Je pourrais faire la même chose chez moi avec quelques feutres et du temps à tuer. Ce n'est pas faux, mais uniquement en apparence. La désinvolture et l'amateurisme de surface ne sont que des artifices au service de la narration, simple et immédiate, et qui alterne entre tonalités pastelles et légères, suivies d'explosions de couleurs plus fortes, agressives, lorsque le drame pointe le bout de la queue. Gabby, l'héroïne de cette histoire, est encore une teen-ager, en pleine phase rebelle. Tout dans son attitude, ses vêtements, sa démarche, font d'elle une ado en pleine croissance personnelle, en pleine recherche de soi. A ce point de son existence, voilà qu'elle se persuade d'avoir été attaquée et mordue par un loup-garou. Une rencontre sauvage qui finit par lui provoquer des cauchemars, des hallucinations, qui eux mêmes influencent et parasitent la réalité, la vie éveillée, au point qu'il devient malaisée pour elle, et pour nous lecteurs, de discerner ce qui est de l'ordre de l'onirique, de ce qui se produit vraiment, et comment. Plus Gabby tente de comprendre ce qui se passe, plus les pages se chargent de sang, de peur, de confusion, et amènent un questionnement confus sur ce que nous sommes en train de vraiment lire. Une dualité qui prend corps et sens lorsque la lycéenne est convoquée chez son proviseur. D'un coté ce dernier lui apporte des nouvelles rassurantes sur son avenir dans l'établissement, de l'autre une version réprimée et clairement néfaste semble la punir, la condamner, et c'est cette dernière qui prend le dessus, et que perçoit la jeune fille. Ou bien lorsque nous la découvrons à la plage, dérangée par un chien de passage. La voici qui se rebiffe et assume aussi bien dans la posture que le faciès une attitude de louve, alors que ses amis paniquent et ne comprennent pas cette violence animalière qui explose. 
On s'y perdrait presque, avec en permanence une interrogation, un doute. Où commence le cauchemar et où naît la science-fiction d'épouvante? She Wolf se garde de répondre mais envoie le lecteur sur des pistes immatérielles et changeantes, selon le point d'horizon fixé où le coup d'oeil instantané sur la réalité. C'est troublant, et c'est intéressant. Publié chez Image, sorti en Vo mercredi dernier. 


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