MARVEL DELUXE POUR LOGAN : SAVAGE WOLVERINE (SAUVAGE)

J'espère que vous n'avez rien contre Wolverine, parce que dans les prochains jours vous allez en entendre beaucoup parler, y compris sur notre site, et cela avant l'arrivée en salle de "Logan", le baroud d'honneur de Hugh Jackman dans la peau du personnage. Panini Comics va proposer toute une série de sorties, qui devraient ravir les fans du mutant griffu. Nous commençons aujourd'hui avec la version sauvage, Savage Wolverine. C'est une publication qui a le mérite de se lire indépendamment de toute la continuité habituelle; dans cet album vous trouverez 11 épisodes, qui ont commencés à être publiés en 2013, à l'époque de ce que l'on appelait Marvel now (première du nom). Tout débute à bord d'une navette du Shield qui survole la terre sauvage : le véhicule va finir par s'écraser sur une île dotée d'une montagne sacrée et entourée de légendes, que l'équipage était justement venu étudier. Je ne sais pas où le Shield se fourni en matériel pour sa flotte (Stark?) mais il serait temps de changer de crémerie. Tout ce qu'ils possèdent et vole finit par se planter. Combien de fois avez-vous lu d'un héliporteur qui s'effondre au sol, par exemple? Bref, Shanna et des agents du Shield se retrouvent prisonniers sur cette île montagneuse, sans pouvoir s'en échapper, pour différentes raisons plutôt limites, mais qu'il faudra bien accepter. Et là, coup de chance, quelque temps après Wolverine également se réveille un beau matin sur ce territoire hostile, sans trop savoir ce qu'il y fait, par ailleurs. Très vite, ce sont les retrouvailles entre les deux personnages principaux : la belle rousse enfile d'abord une lance effilée dans le ventre de Logan, avant de s'apercevoir de son erreur et de lui passer les bras autour du cou : comme il a un facteur auto-guérisseur, le X-Man ne va pas non plus se plaindre. Puis on le comprend, on va avoir droit à un team-up, pour résoudre les mystères de cette île, et pouvoir enfin la quitter. Frank Cho réalise tout dans ces épisodes, c'est lui aussi le scénariste, et on sent bien qu'il s'agit avant tout d'une histoire pour s'amuser, totalement décomplexée, ou l'apparente facilité du scénario est compensée par une beauté plastique évidente, bien dans la ligne de ce que sait faire cet artiste. L'ensemble possède un rythme et un brio notables, et à défaut d'être une aventure absolument indispensable, Savage Wolverine s'avère être une récréation sympathique, et parfois salutaire, entre nos lectures vouées à la sinistrose hyper réaliste.

On retrouve ensuite Wolverine en Afrique, grâce au talent inné de Phil Jimenez. Vous l'aurez compris, Savage Wolverine est aussi une sorte de travail anthologique, qui donne la possibilité, à des artistes renommés et reconnus, de se succéder et d'offrir chacun un story-arc indépendant. Ici, dans les épisodes 12 et 13 du titre (ceux de Franck Cho correspondent à la séquence #1 à #5) le héros se retrouve face à un trafic d'ivoire, et voyage jusqu'à Madripoor, le règne de la pègre en Asie, que tous les habitués du personnage connaissent par coeur (on se souvient de sa longue visite à l'époque où il officiait sous son avatar du "Borgne"). Pourquoi pas, mais le meilleur est à venir ensuite, avec quatre épisodes confiés à un des maîtres du genre noir adapté aux comics, à savoir Richard Isanove. Nous faisons un bond en arrière, au début des années 30, avec un Wolverine qui tente d'honorer sa dette, envers un ami de la première guerre mondiale, tout en participant à la contrebande de whysky en provenance du Canada (la prohibition, baby). Lorsque son camarade est abattu par la mafia locale, Logan endosse une responsabilité inattendue, en devenant le tuteur des petits orphelins qui viennent de perdre un père, et en jurant de les protéger envers et contre tout. Une tâche qui n'est pas simple, et qui implique que Wolverine va devoir abandonner son petit confort routinier pour se jeter dans la mêlée, en plein coeur d'une Amérique rongée par la grande Dépression, et la corruption. C'est sombre, angoissant, mais beau, fort beau, avec un coté glacial et esthétisant qui ravira les amateurs de bande-dessinées tragiques. C'est d'ailleurs la force (ou la faiblesse?) de cet album, une grande variété dans les thèmes abordés, dans le ton global des épisodes choisis. Du Wolverine pour toutes les sensibilités, libéré du carcan de la sacro-sainte continuity, et qui au final a de bonnes chances de contenter un peu tout le monde. Recommandé, notamment à ceux qui ne souhaitent pas dévorer des décennies d'exploits passés, juste savourer une bonne tranche épique de ce que peut-être Logan, ausculté sous différentes facettes. 

En Marvel Deluxe, chez Panini Comics, of course.



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