C'est l'été et les vacances, et peut-être être vous fatigués de lire des comics qui mettent en scène des super criminels sanguinaires et desaxés, qui finissent par se faire tabasser au coin d'une ruelle, par des supers-héros masqués? Bref, avec Bandette, nous sommes très loin de Gotham et de l'atmosphère super sérieuse qui inonde le marché des justiciers en collants. Pourtant il s'agit ici de la cambrioleuse la plus douée de sa génération, une jeune voleuse insouciante qui choisit en plus ses cibles, et s'en va dérober à ceux qui possèdent déjà beaucoup (souvent des artefacts littéraires et artistiques, Bandette n'est pas cupide). Ses aventures sont écrites par le couple au civil, Paul Tobin et Colleen Coover, sous forme d'un webcomics au départ, publié par Monkeybrain.
Nous sommes ici beaucoup plus près de la BD franco-belge à la Tintin ou Fantomette, que du comic book américain de chez Marvel. Bandette a été calqué sur l'actrice Leslie Caron, aperçue (entre autres) sur grandécran dans un Américain à Paris avec Gene Kelly. Elle habite une France de roman-photos à la Amélie Poulain et rien dans ses actions ne semble prêter à conséquence. Elles cambriole avec panache (et son mot favori, Presto, confirme sa gouaille et son toupet), risque sa vie en collaborant avec la police, lorsqu'il s'agit de résoudre une affaire de prise d'otages, et passe de son identité costumée à celle du civil en quelques secondes, avec malice et espièglerie. L'inspecteur Belgique a besoin d'elle, et il est bien content de pouvoir s'appuyer sur elle, même s'il refuse de l'admettre. Bandette est épaulée par une série de gamins et d'acolytes qui lui prêtent main-forte, lorsque le besoin s'en fait sentir. Tout ceci se déroule dans un Paris romantique imaginaire donc, et reste toujours d'une légèreté revigorante, même lorsque la voleuse est aux prises avec une adversaire inspirée par la tauromachie, qui en veut à sa vie, et semble capable de lui porter un coup fatal. Le combat se transforme en une chorégraphie divertissante, où l'héroïne s'en tire avec quelques bonds gracieux.
Autre personnage intéressant dans cette bande dessinée, le numismate Monsieur, monte-en-l'air plus classique et en collants, qui n'est pas sans évoquer l'italien Diabolik. Un concurrent pour Bendette, mais aussi celui qui va l'avertir du grand danger : Absinthe et l'organisation Finis, qui voudrait liquider la jeunette.
Le trait de Coover est subtil et faussement naïf, les couleurs rouge noir et jaune de l'héroïne ressortent particulièrement, sur des fonds de cases d'inspiration aquarelle, surlignées par un trait noir et élégant pour les contours. En fin d'album, passé le premier arc narratif, vous trouverez une série de petits récits (dont un en prose) mettant en scène quelques-uns des amis et personnages secondaires du titre (les Oursins, ainsi se nomment-ils).
Le trait de Coover est subtil et faussement naïf, les couleurs rouge noir et jaune de l'héroïne ressortent particulièrement, sur des fonds de cases d'inspiration aquarelle, surlignées par un trait noir et élégant pour les contours. En fin d'album, passé le premier arc narratif, vous trouverez une série de petits récits (dont un en prose) mettant en scène quelques-uns des amis et personnages secondaires du titre (les Oursins, ainsi se nomment-ils).
Cette bande dessinée est bien entendu destinée à un public plus jeune, mais est capable de trouver sa cible chez tout le monde, à l'heure où les comics ont pris un coup de sérieux et ne se dérident guère qu'au cinéma, ou en faisant appel à des avatars adolescents de super-héros ultra connus (ce qui fait grogner du monde...). Ce type de publication est susceptible d'aller éveiller l'intérêt du lecteur nostalgique de la première heure, comme de trouver des amateurs parmi les comicophiles plus récents. Reste que la version française, publiée chez EP, n'a pas bénéficié d'une publicité exceptionnelle. Clairement vous ne risquiez de tomber dessus que par hasard, car il y a peu de chances que vous en ayez entendu beaucoup parlé. De notre coté nous soulignons le fait que Bandette mérite votre attention, pour peu que vous recherchiez cette légereté de propos, une bd tête en l'air qui saute à pieds joints sur les grands problèmes de la vie, et fait mine de les ravaler au rang d'anecdotes de comédies.
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