BATMAN ET HARLEY QUINN : OPERATION NOSTALGIE "BRUCE TIMM" EN DVD

Le retour de Bruce Timm aux affaires, chez Warner DC Comics, permet aux fans de la grande époque de retrouver l'esprit des animés qui l'ont rendu célèbre. Après une Killing Joke assez controversée, place aujourd'hui à Batman et Harley Quinn, ensemble. Au départ, Harley est une création de la série animée des années 90, de Bruce Timm et Paul Dini justement. Le succès fut tel qu'on la retrouve vite dans Batman Mad Love au format comics, et là encore c'est une pluie de récompenses, avec notamment un Harvey Award et un Eisner Award. Mais il est loin le temps où Harleen Quinzel tombait amoureuse du Joker, le faisait sortir de l'asile psychiatrique d'Arkham, pour finir irrémédiablement sous sa coupe. Le costume de gentille bouffonne frappadingue, rouge et noir, a disparu au profit d'un mini short, qui ne laisse rien au hasard, et des poses aguicheuses, qui ont transformé un personnage effervescent et insolite en une espèce d'objet du désir sexuel, toujours à la limite extrême du mauvais goût. Et surtout, mal exploité. Ici nous revenons à une version plus traditionnelle et arlequinesque, ce qui est indispensable pour que fonctionne l'opération nostalgie. 
Le duo Batman et Nightwing fait donc équipe avec Harley. La raison est simple, il faut absolument empêcher Poison Ivy d'établir le règne pervers du végétal, ce qui pourrait bien arriver grâce à un coup de main de l'Homme Floronique, et à l'Adn de Swamp Thing, un de mes chouchoux dans l'univers Dc, tiens. Bonne nouvelle, Harley s'émancipe totalement du Joker, et existe en tant que personnage indépendant, damant même le pion assez librement à Batman et Nightwing, sur pas mal de plans. Sa folie méthodique est bien cernée, et c'est elle qui donne du peps et de la vie aux moments saillants de cet animé. Oui, mais...

Il est assez déroutant, voire irritant, que même à travers un animé, le choix de mettre l'accent sur le désir sexuel qu'éveille Harley est évident. Ses fesses sont régulièrement placées au premier plan, et elle même ne sort pas de ce dvd comme une fille farouche. Tout comme dans Killing Joke (Batgirl et Batman) il y a cette fois encore une histoire intime qui va faire dresser les cheveux sur la tête des puristes, mais que voulez-vous, quand on est jeune et qu'on a de la testostérone à vendre... En tous les cas, placer une scène "de sexe" sans pour autant qu'elle soit une nécessité absolue en terme de scénario, semble devenir une habitude à questionner.
Sinon le ton est varié, et si on lorgne souvent vers un burlesque assumé (et adulte dans certaines vannes) on passe par endroits à des combats ou des enjeux plus sérieux, qui font qu'au final cette production ne semble pas destinée à un très jeune public, mais bien plutôt calibré pour les fans nostalgiques. Poison Ivy aussi a droit à un traitement intéressant, et elle a à l'écran deux partenaires qui sont un peu ses pendants positif (Harley, qui est sa conscience) et négatif (Floronic Man qui est son coté sombre). Il est intéressant de voir ce telescopage entre le style cartoony des sixties à la Tex Avery, le travail de Dini et Timm des années 90, et l'influence des comédies modernes plus "pour adultes" où un certain cynisme vient corrompre l'innocence, l'ingénuité des propos, tels qu'ils étaient autrefois rapportés et présentés. Sans oublier une touche de vulgarité assumée (les pets, un geste obscène de Nightwing...) qui rajoute du rire (gras) facile, là où finalement ce n'était pas indispensable. Sympathique, efficace, mais non sans quelques fautes de style, sacrifice habituel sur l'autel de la coolitude du nouveau siècle. 


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1 commentaire:

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