Séance de rattrapage concernant la collection Eaglemoss, avec un petit trésor qui vient d'être republié tout récemment. Batwoman, ce n'est pas, loin de là, uniquement la simple version de Batman en jupons. Katy Kane, la jolie rousse qui se cache derrière le costume moulant de l'héroïne de Gotham, a une longue histoire, et un lourd passif derrière elle. C'est de ce passé que traite le récit (excellent) de Greg Rucka, Batwoman:Elegy. Pour simplifier l'intrigue, disons que Batwoman est aux prises avec une adversaire aussi cinglée que redoutable, qui semble convaincue d'être Alice au pays des criminelles, plutôt que des merveilles. Ne vous fiez pas au costume (encore que...) ni au sobriquet, cette Alice là est meurtrière, et à la tête d'une secte qui en veut particulièrement à Katy. Et à sa famille, puisque son père, un haut gradé de l'armée, est lui aussi visé et capturé. Pourquoi cet acharnement à détruire une lignée? Je ne vous dévoilerai pas les motifs précis qui animent les intentions d'Alice, car vous n'avez peut être pas lu cet album, et le ferez un jour prochain. Toutefois sachez que la conclusion répondra à toutes vos questions. Le passé de Batwoman, depuis sa tendre enfance avec sa soeur jumelle, la disparition de celle ci (présumée noyée), sa démission de l'armée en raison de son homosexualité déclarée, les relations avec le paternel, tout est passé au crible avec intelligence et clairvoyance, par un Rucka en grande forme. Ce qu'on apprend vient bien entendu expliciter ce qu'on a pu lire dans les premiers épisodes, et le tout forme un récit très homogène et poignant. Bonne pioche aussi car Rucka est capable de fortement humaniser son héroïne, et il la construit couche après couche, lui donnant du coffre, du répondant, nous faisant guetter sur les traits de la miss des émotions contradictoires, qui trahissent un fort conflit intérieur et un sentiment de manque permanent qu'il n'est pas aisé de combler.
C'est le très bon J.H Williams III qui réalise la partie graphique. Il s'évertue à adopter au moins deux lignes stylistiques différentes, selon l'époque dessinée. Pour l'action, dans le présent, il nous gratifie de planches fluides, oniriques, à la construction psychédélique, comme dans un conte de fée en bande dessinée. Le passé de Batwoman est lui représenté de manière plus classique et naïve, et les planches sont construites de façon plus classique, avec des cases de format réduit et plus nombreuses. Cette Elégie est vraiment un petit chef d'oeuvre qui parvient à réunir l'émotion, le thriller, les bons sentiments, tout en proposant des dessins léchés et unanimement salués. L'album a été publié par Panini dans un premier temps, avant que n'arrive Urban Comics, pour le tome 0 de la collection Batwoman. Eaglemoss a retenu fort justement qu'il fallait insérer ce récit dans sa collection. Des épisodes qui permettent enfin au personnage de Batwoman d'accéder à la crédibilité qu'il mérite. Il reprend les épisodes 854 à 860 de la série Detective Comics, et a la particularité de probablement s'adresser à un public plus large que les habitués récurrents du comic-book, montrant que l'univers des justiciers de Gotham peut aussi être auche chose qu'une longue litanie de combats contre le Joker ou Bane.
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