L'heure est venue pour Batman de se confronter à Barbatos. Dark Nights Metal se poursuit, avec un one-shot qui devait être dessiné par Olivier Coipel, avant d'être confié à un pool d'artistes, certes de talent, et qui permet de mieux comprendre les liens entre le Dark Knight, et son ennemi du moment, qu'on pourrait aussi qualifier, du coup, d'ennemi de toujours.
Le Bruce Wayne de la première planche n'est qu'un gentil papy qui raconte pour la énième fois, à sa petite fille, une des aventures du mythique Batman, tout précisément The Case of the Chemical Syndicate, publiée dans Detective Comics #27 (bonjour la méta-narration). Mais en réalité, Bruce Wayne est emprisonné dans le Dark Multiverse, et au fur et à mesure qu'il raconte son histoire, il bascule d'un point à un autre de sa longue et riche histoire (qui parfois se contredit, mais forme au final un tout), récupérant des pans entiers de la généalogie du héros, y compris les ajouts de Grant Morrison, les conséquences de Final Crisis, et The Return of Bruce Wayne, qui en est l'appendice premier (avec la tribu chauve-souris, et un Batman qui s'inscrit comme figure légendaire et récurrente à travers l'histoire).
Les scénaristes que sont Scott Snyder, James Tynion IV et Joshua Williamson ne s'adressent pas au lecteur de passage, qui est tombé par hasard sur ce numéro, mais bien à celles et ceux qui vouent un amour fort pour Batman, et en connaissent le parcours avec sagacité. D'ailleurs on relèvera que ces dernières années, toutes les grandes sagas ont tourné autour de cette évidente volonté de transcender le Bruce Wayne super-héros, pour faire de la figure même du Batman quelque chose d'autre, la pierre angulaire d'un univers narratif, le dépositaire des plus grands secrets, capable même de s'auto inventer, de se donner naissance. Du coup, dans ces pages qui fourmillent d'idées et de clins d'oeil référencés, on voit défiler les personnages importants de l'univers du Dark Knight, de Catwoman à Damian Wayne, en passant par Harley Quinn ou Alan Wayne. Tout ceci est présenté sous une forme onirique, distordue, cauchemardesque, la réalité ne faisant que se dérober sous les pas d'un Batman qui veut sortir de ce conditionnement, reprendre pied dans la réalité, sauf qu'au bout du trip mental et temporel, se trouve la figure menaçante et inévitable de Barbatos. Qui se révèle être l'ennemi ultime, face à qui le héros n'est rien, ne peut rien.
Doug Mahnke, Yanick Paquette et Jorge Jimenez sont tous très bons et inspirés, et se partagent les dessins, selon les époques temporelles, le niveau de réalité, le ton du récit. Mention particulière au dernier cité, qui transcende son propre style et donne une vision imposante et forte du héros.
Batman Lost, ce n'est pas pour les novices, mais c'est probablement ce qui s'est fait de mieux, à ce jour, dans le cadre de Dark Nights Metal.
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