THE PUNISHER : RIVIERE DE SANG (MARVEL BEST OF)

On revient aujourd'hui sur du bon vieux Punisher. Brut de décoffrage, viril, violent. Ombrageux et efficace. Bref, du Punisher mis en scène par Joe Kubert, avec les textes de Dixon. Ce fut publié par Panini en Marvel Best of. Des souvenirs?
Le trafic d'héroïne n'est pas des plus simples et des plus lucratifs à mettre en place, pour les criminels désireux de devenir barons de la drogue. Mais lorsqu'une bonne affaire se présente à lui, Randy Kwoc (un homme d'affaire vietnamien des plus véreux) ne fait pas la fine bouche, et il accepte de rencontrer et de s'associer avec la mafia russe, emmenée par un certain Vikady. Ce qu'il ignore, c'est qu'il fait déjà l'objet d'une surveillance serrée de la part du Punisher, qui fait irruption au moment crucial où le contrat semble se dessiner. Surprise : Castle n'est pas seul, puisqu'un mystérieux tireur ouvre le feu et trucide en quelques minutes une bonne partie de l'assistance. Dragunov, c'est de lui qu'il s'agit, est une montagne ambulante, armé jusqu'aux dents, et lui aussi a un passé fait de douleurs et de pertes, et il est venue de sa Russie natale jusqu'aux States pour coincer et trucider Vikady. Du coup, les deux justiciers, poussés par des intérêts communs et un goût prononcé pour les solutions radicales, vont unir leur force pour venir à bout de leur griefs personnels, et du trafic d'héroïne en cours. Quitte à prendre le chemin du Proche-Orient et de la Russie pour assouvir une vengeance qu'on devine sanglante.

Cette Rivière de Sang risque de déconcerter plus d'un lecteur. Je pense à ceux qui du Punisher ne connaissent et n'apprécient que l'humour froid et cynique de Ennis, ou n'ont lu que le récent run de Jason Aaron. Voire l'ont aimé sur Netflix avec la série. Ici nous sommes au beau milieu des années 90, lorsque le justicier expéditif avait trois séries mensuelles à son nom, dont la dernière née, Punisher:War Zone. Cet album reprend six numéros consécutifs (en 1994) scénarisés par Chuck Dixon, un des artistes les plus crédibles lorsqu'il s'agit de parler de gangs, de guerres, de poudre et de règlements de compte. Ce fervent républicain fut un des artisans majeurs de la réussite du Punisher à cette époque, où Castle vivait des aventures noires et violentes, sans esquisser un sourire : ça descend du criminel et du trafiquant au kilomètre, sans une blague pour détendre l'atmosphère. Sauf de rares situations cocasses, comme lorsque Frank se retrouve avec Dragunov, dans un numéro de bon flic/mauvais flic, pour soutirer des renseignements, ou dans certaines interactions entre l'américain et le russe, et leur façon d'envisager la résolution des conflits. Aux crayons, Joe Kubert est une légende (dont nous saluons la mémoire). Mais ici, c'est du Kubert pressé d'en finir, qui ne fignole pas ses planches, qui rend un travail expressionniste, tourmenté, où les silhouettes massives et trapues cachent des fonds de cases inexpressifs, laissant la parole à la force brute, presque animale, qui se dégage de toutes les scènes d'action du récit. Le Punisher ressemble à un gros boxeur teigneux, antipathique et sans concession. Attention, je ne dis pas que c'est laid, ou raté. C'est juste un style sans fioriture, agressif, crade, qui pourrait dérouter les lecteurs plus récents du Punisher. Il vaut mieux également, pour bien apprécier cet album, se rappeler qui est Microchip, l'informaticien confident et aide de camp de Frank Castle (accessoirement présent avec brio dans la série sur Netflix), mais aussi avoir quelques notions sur le délitement de l'Union Soviétique et l'Afghanistan, pour la crédibilité de l'intrigue. Au final, une petite saga hors de son temps, que je ne m'attendais pas à voir un jour traduite en français, sans prévenir. Peut-être reste t-il un peu d'espoir pour d'autres aventures du Punisher d'alors, à commencer par le prenant et rythmé Suicide Run, inédit à ce jour en Vf. Le succès de Netflix aidant, on rêve encore. 




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