L'histoire de la mutanité et des X-Men, vous êtes certains de la connaître? Je m'étais dit que j'essaierais de descendre un peu ce X-Men Grand Design, qui semble recueillir pas mal de louanges sur Internet, mais en fait, c'est difficile, car ce truc est sympa, que voulez-vous y faire. Il faut dire que c'est le lauréat du Eisner Award avec Hip Hop Family Tree, Ed Piskor, qui se charge de cette mini série. Autrement dit, une approche originale et décalée par rapport à ce à quoi nous a habitué Marvel, mais qui résume magistralement la situation, assez compliquée après des décennies d'histoires souvent contradictoires.
Puisque la maison des idées entend replacer son haritage (Legacy) au centre des débats, tout remettre en place, décennie par décennie, à travers six numéros, relève au final de la logique artistique.
Ici on s'attarde sur des détails factuels qui sont décortiqués à la manière d'une page Wikipedia, et dans le même temps narrés avec un esprit de synthèse brillant et bienveillant. On remonte jusqu'à la rencontre entre le Professeur Xavier et Magneto, au Wolverine de la seconde guerre mondiale, à l'origine même de la mutanité dans l'histoire, avec une humanité qui a toujours développé un goût prononcé pour l'ostracisme envers quiconque est différent.
Piskor revient sur des moments iconiques, des instants de légende que nous connaissons tous sous d'autres formes. Sa manière de dessiner, en apparence simpliste et visant à l'essentiel, propose un résumé rétro et décalé de tout ce que nous avons lu, pour en faire une bd qui flirte avec le document historique, le témoignage artie à la Maus de Spiegelman, par exemple.
C'est un saut dans le Bronze Age des comics, qui manifeste tout son amour et son respect pour cette période de l'histoire, allant de la mise en couleurs à la manière de faire évoluer l'action, les réactions des personnages. Les thèmes évoqués sont aussi en phase avec ce qu'est la série des X-Men à la base, c'est à dire avant tout une parabole éloquente sur l'acceptation de la diversité, une chasse pérpétuelle contre le racisme ou la peur de l'étranger, de l'inconnu.
Un assemblage fascinant de quelques uns des héros les plus charismatiques, rassemblés par un Charles Xavier qui apparait bien comme le trait d'union d'une longue série d'aventures. Un Xavier qui a comme par hasard était éliminé de l'équation lorsque les scénaristes ont eu épuisé leur inspiration, et que Marvel avait opté pour de nouvelles priorités, en plaçant sur le devant de la scène les Inhumains.
Ces derniers je les aime bien, mais il suffit de lire ce premier numéro de Grand Design pour comprendre combien la lutte est inégale. Piskor nous le rappelle sans esbroufe ni mégaphone, les mutants, c'est Marvel, tout simplement.
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