EMPEREUR JOKER (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 63 CHEZ EAGLEMOSS)

Toutes proportions gardées, cet Empereur Joker a des faux airs de Infinity Gauntlet. Je m'explique : nous avons devant nous une histoire de réécriture de la réalité, avec un être qui accède à la toute puissance, capable de refaçonner la Terre selon ses caprices. Chez Marvel, Thanos s'empare des six gemmes de l'infini, et le cosmos tout entier passe à la trappe, car le Titan fou est amoureux de la mort, au point de lui sacrifier la moitié de tous les êtres vivants. Chez Dc, le Joker parvient à ruser face à Mr Mxplyk, ce farfadet qui vient régulièrement casser les pieds de Superman, et lui dérobe ses pouvoirs. Avec lesquels il forge une Terre à son image, c'est à dire sombrant dans le chaos, la folie furieuse, le non-sens permanent. D'ailleurs le lecteur de passage, qui commence à lire les premières pages, risque fort de se sentir en plein désarroi. Que fait donc Superman en prison, et avec ce costume? Pourquoi est-il accusé d'être un criminel, et Bizarro lui donne t-il la chasse chaque nuit, lorsqu'il s'évade momentanément, mais régulièrement, de sa captivité? Et puis c'est quoi cette version démente de la Justice League? Et pourquoi on ne reconnaît rien, et que tout à l'air foutraque? 
Et bien je vous ai déjà donné la solution, mais quand on ne sait pas, et qu'on essaie d'assembler les pièces du puzzle, il faut un peu de temps pour appréhender la vérité. 
En fait, inutile d'être un accroc à la continuité du Dc Universe. Mieux vaut d'ailleurs ne pas être allergique aux grands changements provisoires, histoire de rire un bon coup. Ici toute idée de réalité et de logique est à proscrire, d'ailleurs on insiste sur le fait que 2+2 ça ne fait plus 4, et avoir la bosse des sciences est considéré comme un acte de terrorisme. 

Eaglemoss a pris des risques en proposant ce récit dans sa collection. Double risque car il s'étale sur deux sorties consécutives, soit un mois de présence en kiosque (si Presstalis, le distributeur, fait son boulot correctement, en ce moment ce n'est pas trop ça). Et il faut être honnête (et on l'est toujours avec vous, ici au moins) ça n'est pas vraiment un chef d'oeuvre. En fait le pitch de départ est osé, et jouissif. Il y a tout pour que ça soit une bouffée délirante mémorable. Mais la plupart du temps c'est raconté de telle manière que la lecture en devient pénible, voire désagréable. On comprend peu, et quand on comprend, on se demande pourquoi, tant c'est tiré par les cheveux, ou carrément stupide. Le gros défaut, c'est l'immaturité du truc, qui ressemble à un croisement entre du Dc comics et Picsou Magazine. Un tel potentiel aussi mal géré, aussi éparpillé aux quatre vents de la bêtise, quel dommage.
Reste des dessins souvent sympas, bien carrossés, car en présence de Joe Kelly ou de Ed McGuinness, on sait qu'on ne sera pas déçus. Mais bon sang, qu'est-il arrivé à Jeph Loeb, et surtout au grand De Matteis (lui friand de récits à la profondeur psychologique remarquable) pour avoir pondu ce truc qui se perd dans les méandres du n'importe quoi?
Bon après on pourra se justifier que le Joker étant dément, sa vision du monde doit l'être aussi. Certes, mais sur près de 300 pages, le lecteur va tirer la langue... Pour rappel, Emperor Joker concerne ici les séries mensuelles de Superman d'alors (Action Comics, Adventures od Superman, Superman, The Man of Stele) et un one-shot éponyme.



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