Alors que Secret Empire est en pleine parution kiosque, voici qu'arrive en librairie ce qu'on peut qualifier de prémices officiels de l'événement. La série Captain America : Steve Rogers, par exemple, est là où le lecteur effaré à appris toute la vérité sur le symbole étoilé de l'Amérique, secrètement à la solde de l'Hydra, depuis toujours. Le choc total. Si cette grande saga de Nick Spencer a toutes vos faveurs, c'est bien entendu indispensable.
Car Marvel n'allait tout de même pas laisser DC Comics occuper l'espace médiatique, avec le renouveau de son univers! Bien sûr que non. En concomitance avec l'arrivée de Rebirth, voici venir le début d'une histoire qui vient chambouler de manière radicale tout ce qu'on nous a raconté sur le personnage, depuis nos premières lectures. Nous avons d'emblée, dans ce premier tome, un épisode intelligent et bien écrit, qui nous ramène dans le passé, quand Steve Rogers n'était qu'un petit enfant observant sa mère subir les vexations et les coups d'un mari violent et alcoolique. Une mystérieuse amie se manifeste, et vient prêter main-forte à la maman, pour lui expliquer que la résignation et les brimades ne sont pas une fatalité. Pendant ce temps, dans le présent, Steve -qui est redevenu jeune et pimpant grâce à l'intervention du Cube Cosmique à forme humaine, la fillette Kobik- tente d'arrêter un candidat à la bombe suicide à bord d'un train. En parallèle nous retrouvons le Crâne Rouge qui essaie de recruter des émules, en lavant le cerveau de ses futurs suiveurs, présentant à sa manière la situation des réfugiés en Europe, comme un exemple concret de mise en danger de nos cultures et de nos valeurs. Tout ceci est très réaliste car c'est plus ou moins ce qui se passe en ce moment en Amérique -avec Donald Trump- mais aussi chez nous, avec de nombreux gouvernements qui regardent vers le nationalisme extrême comme bouée de sauvetage.
Et puis bien sûr il y a ce final incroyable, qui prétend remettre en question tout ce que nous savons au sujet de Steve Rogers, et le place en lumière d'une manière totalement stupéfiante! Le héros accomplit un geste choc qui nous fait comprendre que quelque chose ne va pas, et ses dernières paroles ouvrent sous les pieds du lecteur un gouffre d'incrédulité, qui a poussé les plus cinglés d'entre eux à menacer de mort le scénariste! Hail Hydra!
Spencer n'oublie pas d'étoffer et crédibiliser son propos, en narrant l'histoire de Kobik, ses relations avec le professeur Solvig, qui a sur elle un ascendant presque "éducatif" qui sera important pour la suite. Nous avons là un scénariste réellement inspiré, qui parvient à expliquer les actes du présent par des séquences édifiantes dans le passé (les années 20), à s'émanciper des conséquences trop lourdes de la seconde Civil War (loin d'avoir le panache de ces pages). Chaque personnage a du volume, de la prestance, les dialogues sont soignés et donne de l'efficacité à un récit qui file sans retour possible vers une des plus invraisemblables audaces que la Maison des Idées a osé mettre en oeuvre durant sa longue histoire.
Au dessin Jesus Saiz fait montre d'un talent inné pour insérer des détails, pour "marquer" chaque individu et le caractériser au mieux, même si j'ai personnellement un peu de mal avec le design des costumes (Captain America compris) dans cet album. Mais c'est un détail au regard de la qualité graphique de planches bien troussées et riches, avec une petite baisse de régime quand Javier Pina prend les choses en main. Globalement il s'agit là d'une des aventures marquantes du XXI° siècle, un run dont on parlera et reparlera dans de nombreuses années, et artistiquement abouti. Même si je peux comprendre la défiance, voire le rejet de certains. Qui n'ont pas forcément lu, par ailleurs.
Spencer n'oublie pas d'étoffer et crédibiliser son propos, en narrant l'histoire de Kobik, ses relations avec le professeur Solvig, qui a sur elle un ascendant presque "éducatif" qui sera important pour la suite. Nous avons là un scénariste réellement inspiré, qui parvient à expliquer les actes du présent par des séquences édifiantes dans le passé (les années 20), à s'émanciper des conséquences trop lourdes de la seconde Civil War (loin d'avoir le panache de ces pages). Chaque personnage a du volume, de la prestance, les dialogues sont soignés et donne de l'efficacité à un récit qui file sans retour possible vers une des plus invraisemblables audaces que la Maison des Idées a osé mettre en oeuvre durant sa longue histoire.
Au dessin Jesus Saiz fait montre d'un talent inné pour insérer des détails, pour "marquer" chaque individu et le caractériser au mieux, même si j'ai personnellement un peu de mal avec le design des costumes (Captain America compris) dans cet album. Mais c'est un détail au regard de la qualité graphique de planches bien troussées et riches, avec une petite baisse de régime quand Javier Pina prend les choses en main. Globalement il s'agit là d'une des aventures marquantes du XXI° siècle, un run dont on parlera et reparlera dans de nombreuses années, et artistiquement abouti. Même si je peux comprendre la défiance, voire le rejet de certains. Qui n'ont pas forcément lu, par ailleurs.
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