TARZAN ON THE PLANET OF THE APES : QUAND TARZAN RENCONTRE LA PLANETE DES SINGES

Je ne suis pas trop friand des rencontres improbables entre deux univers narratifs distincts, deux franchises. Pour des raisons évidentes de droit, en général il s'agit de récits vite oubliés, et qui ne prêtent pas à conséquence. Il y a des exceptions. Celle-ci, par exemple. Il faut dire qu'en mai dernier, nous avions reçu Fernando Dagnino au Printemps des Comics, et je m'étais penché de près, à cette occasion, sur ses planches et son travail pour Tarzan on the Planet of the Apes. C'était tout simplement magnifique, saisissant, et je m'étais promis de prendre le Tpb et de le placer avec soin dans ma bibliothèque, tôt ou tard. 
Car c'est cela qui m'a attiré en premier. La classe folle avec laquelle Fernando représente ce conflit des espèces, le dynamisme et le sens du détail abouti de chaque page, la capacité de donner une vraie identité, unicité, à chacun des personnages de la Planète des Singes, qui en deviennent aussi humains que ce Tarzan saisi dans sa jeunesse, au milieu des Mangani, puis à l'âge adulte, rapatrié parmi les siens, mais ramené en Afrique pour résoudre cette guerre sanglante qui fait des ravages chez les singes et les hommes.
Au milieu de tout cela, à la tête des Mangani, nous trouvons le scientifique Cornelius et sa femme Zira, sans oublier leur enfant, Milo, qui préfère Caesar (pour nous c'est plus clair ainsi), dont Tarzan est ici le frère adoptif. Tout cela peut avoir un sens , puisque au terme du film Le Secret de la planète des singes (Beneath the Planet of the Apes, en 1970, second volet de la saga) la Terre disparaît, mais comme il est révélé plus tard dans le troisième long métrage, Les Évadés de la planète des singes, Cornelius, son épouse Zira et le docteur Milo, sont parvenus à s'enfuir et à remonter le temps, au début des années 70. Walker et Seeley brodent un peu, et posent la question suivante : Et si ce voyage dans le temps avait projeté les singes au début du XX° siècle, et que Cornelius et Zira avait élevé un fils nommé Milo, en hommage au disparu, mais aussi un humain, le rejeton perdu de la dynastie des Greystoke, appelé à devenir le célèbre Tarzan? 
Des super singes scientifiques, donc, qui permettent aux Mangani chers au seigneur de la Jungle de franchir un cap, mais pas d'échapper à la déferlante de violence qui ne saurait tarder. Et encore moins à l'apocalypse qu'on pense inévitable. Ajoutez-y de l'action, des anachronismes temporels qui donnent du peps à l'ensemble et rendent cet album très sympathique, et vous obtenez une lecture qui est vraiment recommandée, fortement, à celles et ceux que l'une des deux franchises (ou les deux) intéresse. Et un Dagnino dans cet état de grâce  (que Sandra Molina prolonge avec dextérité et grande classe) ça vaut bien une édition française un jour prochain. Qui va s'y coller?


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