Retour aujourd'hui sur des épisodes inédits du Punisher, jamais traduits en français. Plus précisément sur la première véritable série régulière de l'anti héros à tête de mort, et un arc narratif du nom de "Eurohit", qui en 1992 emmène Frank Castle dans un long voyage à travers l'Europe et la pègre du vieux continent.
A peine arrivé à Londres, Frank Castle risque d'être arrêté par Interpol mais parvient à semer ses poursuivants. Il est en cela aidé par un certain Nigel Higgins, qui voit en lui une sorte de modèle, un exemple dont il souhaiterait suivre les traces, sans en avoir l'étoffe. Mais que fait donc le Punisher en Angleterre? C'est la grande inauguration du Tunnel sous la Manche qui l'a décidé à franchir l'Atlantique. Ce tunnel facilitera grandement les échanges économiques, mais aussi les transactions souterraines et les activités illégales des malfrats, comme l'a bien compris Wilson Fisk, qui a investi des sommes colossales dans ce but. Castle a une piste : un tueur aussi doué qu'infaillible du nom de Snakebite, qu'il compte bien refroidir, après avoir obtenu certaines informations. Mais rien ne se passe comme prévu, à cause de l'impétuosité et de l'inexpérience de Nigel. Parmi le cast de ce story arc, un des rôles les plus importants est aussi tenu par la belle rousse Morgan Sinclair, chargée de la supervision des travaux dans le tunnel. Cette dernière est prise en otage par Snakebite, sauvée par Castle, puis brièvement incarcérée avec celui ci, avant une évasion simpliste et une escapade en France, dans les Vosges, là où réside son oncle Philippe, qui a lui aussi succombé sous les balles des hommes du Kinpin. Outre Snakebite, le comité d'accueil qui attend notre couple dans la panade est des plus affûtés : on y retrouve Chauffard, sur l'avant bras duquel a été greffé un canon mitraillette, et Batroc, le roi de la savate (boxe française), le super vilain frenchie le plus caricatural de l'histoire, qui entre son accent improbable (Zis is Batroc) et ses moustaches à la Georges Decrières, semble droit sorti d'un univers Marvel parallèle, du genre, les "super héros à la belle époque". Et ce n'est là que la première étape d'un petit tour d'Europe qui joue avec malice sur tous les poncifs que peuvent avoir les Américains, quand ils pensent à notre continent. Bien que le récit soit écrit par deux anglais...
Le voyage du Punisher en Europe ne s'arrête pas là, bien entendu. On le retrouve ensuite en Forêt Noire (Allemagne, pour les incultes), en Italie, en Espagne. A chaque fois, les criminels locaux forcent le sourire. Par exemple, en Espagne, on retrouve un jeune toréador (quelle imagination...) et le terroriste Tarantula, qui finira même par faire équipe avec notre justicier. Ils se sauveront mutuellement la vie en fin de saga, et finiront par se découvrir des points communs que nous ne soupçonnions pas forcément lors de leur premier face à face, sur les pages d'Amazing Spider-man une vingtaine d'années auparavant. Abnett et Lanning, les deux scénaristes responsables de ce story-arc, sont britanniques, et ils n'ont pu résister à l'envie de mettre Frank Castle en situation chez eux. On aurait juste souhaité qu'ils dépeignent le reste du continent avec plus de subtilité, mais nous en sommes fort loin. Aux crayons, c'est Doug Braithwaite, un autre briton, qui se charge des sept parties. Après s'être fait les os sur des séries cultes la bas, comme Doctor Who ou encore Judge Dredd, il s'est ensuite attelé à cette saga estivale du Punisher. On lui reprochera d'être un peu trop brouillon, anarchique dans ses planches, qui sont certes efficaces, et dégagent une réelle énergie communicative par moments. A sa décharge, on lui a demandé de faire vite, et pas forcément bien, et l'artiste était encore "en formation" et allait par la suite atteindre des sommets. Pour les lecteurs qui souhaitent se plonger dans ce Eurohit, il vous faut récupérer les numéros 64 à 70 de la première on-going du personnage, ce qui ne devrait pas être difficile : ces numéros se négocient facilement à un euro l'unité sur différents forums spécialisés. Pour se convaincre qu'il y a bien une vie avant Garth Ennis, et que ce bon vieux Frank a roulé sa bosse même de par chez nous. Un globe-trotter armé qui ne laisse pas de commentaires sur Tripadvisor.
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