L'évolution, c'est ce parcours qui permet à l'humanité de passer des gribouillages sur les parois des cavernes, à l'invention de l'imprimerie, puis de la presse. La dévolution, ce serait ces dernières années, quand nous sommes passés de l'invention d'internet et son accès illimité en 4G, à une génération de youtubers de quinze ans, qui rivalisent de duckfaces et de vidéos toutes semblables, dans l'espoir de gagner quelques euros, et d'être invités dans des salons en perte de vitesse. Mais passions... Devolution, c'est aussi un comic-book, de Rick Rememder.
L'héroïne de cette histoire s'appelle Raja, et on ne perd pas de temps pour se plonger dans les événements. Qui sont catastrophiques, car la vie sur la planète ressemble plus à l'univers de Mad Max qu'au paradis des Bisounours. L'être humain est si cupide, fanatique, stupide. Et probablement à cause de la ... religion, des religions. Du coup, s'il suffisait d'extirper la croyance du cerveau des hommes, pour accéder à une vie meilleure? Scientifiquement, cela a été tenté, avec un produit miracle, le DVO-8, et une bande de fondamentalistes qui a servi de cobayes. Bien entendu, tout a dérapé, et non seulement le "credo religieux" s'est éclipsé du cerveau des "victimes" mais c'est un peu tout le reste aussi qui a connu une "dévolution", c'est à dire une évolution en sens contraire. Science sans conscience = science-fiction pas très joyeuse, et Rick Remender est sur son terrain de jeu favori, dans ce cas précis.
On revient à Raja, donc. Elle n'est pas comme le reste des animaux, des plantes, de ses semblables, elle n'a pas régressé, semble normale, et elle affirme même avoir un antidote au phénomène. Seulement voilà, essayerz d'entamer la discussion avec un mec qui aurait comme idéal politique le néo-nazisme, et vous verrez, dévolution en cadeau bonus, que vous allez avoir du mal à vous entendre. Car dans Devolution, quand l'humanité s'efface peu à peu, quand la bestialité, la brutalité, s'emparent des êtres et les dominent, ce qui reste, c'est la croix gammée. Pas faux Rick, et d'ailleurs il est toujours bon de se le rappeler, de temps en temps, quand c'est l'heure de glisser des bulletins de vote dans l'urne.
Jonathan Wayshak, le dessinateur qui a repris là où Paul Renaud, initialement prévu sur le projet, il y a des années, a du déclarer forfait, est le choix parfait pour dépeindre tout ce qu'il y a de plus moche, absurde, méchant, crado, dans ce monde qui marche à reculons. Il en joue, multiplie les plans chocs, c'est efficace et repoussant à la fois, alors mission accomplie. On regrettera que finalement Raja a peu d'occasion pour être vraiment exploitée "psychologiquement", que ça va vite et sans grande finesse, mais c'est peut-être ça la recette de Devolution, chez Glénat Comics, un coup de gueule contre un monde qui fonce vers sa fin, en croyant encore au mythe de la croissance exponentielle continue. A lire en écoutant "Going backwards", extrait du dernier album de Depeche Mode.
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