Vous ne connaissez pas vraiment Shazam, et vous pensez que cela pourrait vous ôter une partie du plaisir à voir ce film? C'est une pensée parasite, qui n'a pas lieu d'être. Je vous épargnerai les décennies de (més)aventures éditoriales du personnage, qui a connu plusieurs existences, et patronymes, également. D'autres vous expliqueront tout ceci sur des vidéos Youtube, qui au final n'ont aucun intérêt par rapport à ce qui se déroule sur grand écran. Ce qui vous y attend, ce n'est pas un film d'art et d'essai tchécoslovaque des années 70, ou une adaptation des oeuvres complètes de Marcel Proust. C'est un blockbuster, pour la famille, un film de type en costume, qui fait rire, en grande partie, et qui permet à DC/Warner de redresser la barre de la coolitude, au point de taquiner Marvel sur son propre terrain, après un Aquaman qui avait déjà déridé l'ambiance, il y a quelques mois.
Shazam, c'est un héros, un vrai, avec des super pouvoirs et tout le toutim, sauf que coté responsabilités, nous sommes loin du compte. Et pour cause, Billy Batson n'a que 14 ans! Suite à une rencontre fortuite avec un vieux mage à la recherche d'un nouveau champion pour les forces magiques et primordiales du "bien", le gamin est investi des pouvoirs de plusieurs dieux de la mythologie quand il prononce son nom, Shazam justement (pour ceux qui ne suivent pas). Il devient un colosse dans un costume rouge moulant, avec une jolie cape blanche flottante, mais derrière ce paquet de biscottos et cet étalage de dons fabuleux, ça reste un teenager qui mange à la cantine au lycée, et passe d'une famille d'accueil à une autre, recherchant désespérément sa vraie mère (qui elle n'est pas trop pressée...). Le bon point dans ce film, c'est que c'est souvent drôle, promis.
Passée une introduction assez scolaire, pour présenter celui va devenir le grand méchant du jour (le docteur Sivana, régulièrement humilié par son père, d'où le fort sentiment de revanche qui l'anime), on passe à la phase nature et découverte. C'est à dire, Billy est un héros de quelle nature, et comment va t-il découvrir ses pouvoirs? Un de ses "frères adoptifs" se charge de l'entraîner et de l'initier au monde super-héroïque et ensemble il fracassent des distributeurs de boissons ou de billets de banque, participent à de premières arrestations cocasses, et deviennent des Youtubers anonymes qui engrangent des vues par centaines de milliers. Philadelphie se découvre un héros, un vrai, mais qui n'a pas trop l'air de savoir comment s'y prendre, et préfère les selfies aux combats dantesques contre le mal. Ce qui tombe mal, car Sivana rode, et il n'a pas l'intention de laisser Shazam lui voler la vedette, avec des pouvoirs qu'il estime lui être destinés. A partir de là, ça cogne plus dur, ça fait moins rire, mais pour autant le film évite de partir trop en vrille, et maintient un standard suffisamment digne pour qu'on quitte la salle avec la banane.
Zachary Levi s'en tire avec les honneurs. On lui demande de cabotiner, pour bien rappeler, à chaque scène, que c'est un ado qui occupe le corps d'un adulte. Il en fait des tonnes (au risque de rappeler au spectateur français un certain Gérard, prof de gym pour AB Productions) mais souvent, c'est drole, alors on lui pardonne les quelques excès qui émaillent sa prestation. Le film est à déconseiller aux diabétiques, tant il propose une vision de ce que sont la famille (à travers une improbable famille d'accueil multiculturelle et ultra consensuelle) et les bons sentiments, mais pour autant, derrière la caricature et le trait grossier, on trouve tout de même un regard sur le harcèlement scolaire, le sentiment de solitude propre aux ados, et la manière dont un père ou une mère peuvent, par des mots, des manquements, modeler ce que sera leur enfant, pour le meilleur et pour le pire.
Loin d'être aussi lugubre et désespéré que bon nombre de films DC proposés jusque là, Shazam s'affiche comme le manifeste même de la décomplexion, de l'envie de s'éclater, sans parader avec des citations philosophiques ou des visions cauchemardesques de fin du monde. C'est une comédie initiatique et (assez) fraîche, c'est probablement ainsi que la distinguée concurrence aimerait voir son avenir sur grand écran. Sauf qu'avec The Joker, ou The Batman, à venir, le ton risque fort de se durcir à nouveau. On n'échappe pas à ses vieux démons, sauf si on trouve une formule magique. Shazam?
Zachary Levi s'en tire avec les honneurs. On lui demande de cabotiner, pour bien rappeler, à chaque scène, que c'est un ado qui occupe le corps d'un adulte. Il en fait des tonnes (au risque de rappeler au spectateur français un certain Gérard, prof de gym pour AB Productions) mais souvent, c'est drole, alors on lui pardonne les quelques excès qui émaillent sa prestation. Le film est à déconseiller aux diabétiques, tant il propose une vision de ce que sont la famille (à travers une improbable famille d'accueil multiculturelle et ultra consensuelle) et les bons sentiments, mais pour autant, derrière la caricature et le trait grossier, on trouve tout de même un regard sur le harcèlement scolaire, le sentiment de solitude propre aux ados, et la manière dont un père ou une mère peuvent, par des mots, des manquements, modeler ce que sera leur enfant, pour le meilleur et pour le pire.
Loin d'être aussi lugubre et désespéré que bon nombre de films DC proposés jusque là, Shazam s'affiche comme le manifeste même de la décomplexion, de l'envie de s'éclater, sans parader avec des citations philosophiques ou des visions cauchemardesques de fin du monde. C'est une comédie initiatique et (assez) fraîche, c'est probablement ainsi que la distinguée concurrence aimerait voir son avenir sur grand écran. Sauf qu'avec The Joker, ou The Batman, à venir, le ton risque fort de se durcir à nouveau. On n'échappe pas à ses vieux démons, sauf si on trouve une formule magique. Shazam?
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