De tous les grands "events" Marvel de ces dernières années, Siege a été le plus bref (quatre numéros seulement) mais pas forcément le plus mauvais, loin de là. Il a permis principalement de mettre un terme au Dark Reign de Norman Osborn, de se débarrasser du personnage de Sentry, trop puissant et mal exploité par les différents scénaristes qui se sont penché sur son cas, et de préparer le terrain pour un nouvel "Age des Héros". Panini nous propose ce mois-ci de revenir sur cette brève aventure avec une réédition de toute l'aventure.
Le siège en question est celui d’Asgard, la mythique cité des Dieux nordiques, à l'époque située en suspension dans les airs, au dessus du sol américain, en plein Midwest sauvage. Norman Osborn, à la tête du H.A.M.M.E.R et des Dark Avengers, n’a jamais vraiment eu toute sa tête (c’est quand même un des pires psychopathes du pays…) mais quand Loki, Dieu de la duperie et prince des fourbes, se mêle de lui confondre les idées, cela donne au final un plan complètement délirant : Tout d’abord, provoquer sciemment un incident diplomatique avec Asgard, un prétexte qui sera l’étincelle qui mettra le feu aux poudres, une sorte de casus belli.
Il suffit, pour ce faire, de s’en prendre à Volstagg, qui erre en Amérique comme un poisson hors de son bocal, et qui une fois attaqué par les sbires tout puissants de Hood, roi de la pègre, réagit de manière disproportionnée et maladroite, entraînant une véritable catastrophe en plein match de football, à Chicago. Les images du stade qui s’embrase sont retransmis dans le monde entier; c’est un peu un nouveau Stamford (Civil War, remember) qui revient hanter les consciences américaines, alors que le pays n’est pas encore totalement guéri, et qu’il panse les plaies de la récente invasion Skrull. Osborn se permet d’outrepasser ses droits et ses prérogatives, refuse d’écouter Obama himself, et rassemble ses troupes pour lancer l’assaut à la cité des Dieux. Action / Réaction, une grande tradition américaine que de réagir de suite, sous le coup de l’émotion, et de réfléchir ensuite. A première vue, la tâche est ardue, voire impossible, sauf que dans les rangs de l’envahisseur, nous retrouvons Sentry, toujours aussi puissant et indestructible, que délicat à manier pour les scénaristes made in Marvel.
Sentry est surpuissant, et quand on le lâche dans la mêlée avec la permission de ne pas retenir ses coups, on peut être certain de lire de grands moments de férocité. Ainsi en va t'il pour le pauvre Ares, qui ose se dresser sur son chemin. Sentry déchire littéralement en deux l'enveloppe charnelle du Dieu de la guerre, qui se retrouve les intestins à l'air! Et ça ne va pas très fort non plus pour Daken, qui avait été chargé de pister Thor. Ce dernier était parvenu à s'enfuir grâce à l'intervention inopinée de Maria Hill. Le géant blond est en colère, et il foudroie sur place la copie au rabais de Wolverine, qui se retrouve donc carbonisé au plus haut degré! Comment trouver le courage de s'opposer à un tel envahisseur? Peut être en réveillant les sentiments patriotiques de ceux qui sont déjà prêts à signer l'armistice et à s'enfuir les jambes autour du cou? Captain America/Steve Rogers est l'homme qu'il faut, dans de telles conditions. C'est lui, et le courage des héros, et des hommes simples et bons qui veulent bien le suivre, qui va lancer la contre-offensive.
Bendis et Coipel sont les artisans de Siege. Le premier poursuit son oeuvre de transformation du monde Marvel, en y plaçant les Avengers toujours plus au centre. Il abat ici parfois la carte de l'ultra gore, et profite d'un scénario concentré sur quatre épisodes seulement, pour dépeindre au final ce qui est une gigantesque bataille homérique, un conflit localisé mais sanguinaire, qui a pour enjeu la liberté et une certaine idée de l'Amérique, dont dépend le destin de Norman Osborn. Olivier Coipel est un excellent choix pour ce type de récit, son trait pur et simple fait des merveilles, sans avoir besoin de céder aux rodomontades et autres artifices de mise en page. J'avais pu émettre des réserves, à l'époque, quand à l'aspect trop juvénile de certains personnages, et l'absence de caractérisation sur certaines expressions faciales, mais à la relecture ces défauts ne masquent pas le très bon travail global d'un artiste qui semble né pour mettre en scène ce type d'orgie super-héroïque et la rendre digeste et lisible. Car oui, si dans un premier temps j'avais porté un jugement plutôt sévère sur Siege et sa conclusion surtout, que je jugeais tronquée, un retour bénéfique sur l'ensemble du travail de Bendis, sur la cohérence de son oeuvre depuis Avengers:Disassembled, me pousse à réévaluer cette aventure brève mais intense, qui n'est pas sans faire écho aux prétextes géopolitiques que les américains savent si bien inventer quand ils flairent une opportunité à saisir à l'autre bout du monde. Et pourtant il n'y a pas de pétrole sur Asgard!
Bendis et Coipel sont les artisans de Siege. Le premier poursuit son oeuvre de transformation du monde Marvel, en y plaçant les Avengers toujours plus au centre. Il abat ici parfois la carte de l'ultra gore, et profite d'un scénario concentré sur quatre épisodes seulement, pour dépeindre au final ce qui est une gigantesque bataille homérique, un conflit localisé mais sanguinaire, qui a pour enjeu la liberté et une certaine idée de l'Amérique, dont dépend le destin de Norman Osborn. Olivier Coipel est un excellent choix pour ce type de récit, son trait pur et simple fait des merveilles, sans avoir besoin de céder aux rodomontades et autres artifices de mise en page. J'avais pu émettre des réserves, à l'époque, quand à l'aspect trop juvénile de certains personnages, et l'absence de caractérisation sur certaines expressions faciales, mais à la relecture ces défauts ne masquent pas le très bon travail global d'un artiste qui semble né pour mettre en scène ce type d'orgie super-héroïque et la rendre digeste et lisible. Car oui, si dans un premier temps j'avais porté un jugement plutôt sévère sur Siege et sa conclusion surtout, que je jugeais tronquée, un retour bénéfique sur l'ensemble du travail de Bendis, sur la cohérence de son oeuvre depuis Avengers:Disassembled, me pousse à réévaluer cette aventure brève mais intense, qui n'est pas sans faire écho aux prétextes géopolitiques que les américains savent si bien inventer quand ils flairent une opportunité à saisir à l'autre bout du monde. Et pourtant il n'y a pas de pétrole sur Asgard!
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