LE FLÉAU : IMPOSSIBLE DE L'ARRÊTER


On dit que rien ne peut stopper le Fléau quand il est lancé dans sa course, personne n'est en mesure de l'arrêter et la plupart du temps, quand il passe à l'action, c'est pour laisser dans son sillage une quasi totale destruction. Toute sa carrière est faite de différences de points de vue; parfois on le considère comme un vilain, parfois comme sorte d'anti-héros, la plupart du temps un mastodonte ultra dangereux et pas spécialement futé. Cain Marko n'est en tous les cas plus tout à fait le même depuis la guerre des royaumes, il a notamment perdu son armure et sa faculté d'être une force de la nature au service de Cyttorak. Mais peu à peu il va redevenir The Juggernaut, ou plutôt une autre version de lui-même, comme cela nous est raconté à travers de fréquents flash-backs dans cette mini série en 5 parties, alternant entre le passé donc mais aussi présent, où le Fléau fait la rencontre de la jeune D-Cel,
 une mutante encore adolescente qui passe son temps à filmer son quotidien, sur une chaîne Youtube à succès, et qui a le pouvoir de décélérer le temps. La rencontre entre les deux n'est pas de tout repos et la jeune fille termine sa course à l'hôpital, ce qui fait que Marko se sent responsable de son destin. La petite va lui ouvrir les yeux sur de nouvelles possibilités, comment utiliser Internet pour rétablir ou améliorer sa visibilité, puis le pousser à s'en aller affronter Hulk, pour obliger ensuite l'Avenger en colère à entendre le récit de tous ceux qui ont subi un jour des dommages par sa faute. Ou bien encore se retrouver face aux créations d'Arnim Zola, embarquées dans des expériences particulièrement sinistres.



À travers toutes ces petites histoires qui se succèdent, c'est surtout une véritable interrogation qui se développe : qui est donc désormais le Fléau, libre de l'influence de Cyttorak? Tout est expliqué en cours de route et Le Fléau parvient à récupérer tout de même ses incroyables capacités, avec une nouvelle armure. Il va désormais terminer sa propre trajectoire, inventer son propre avenir, sans forcément être soumis au caprice du destin ou à un pouvoir ésotérique dont il ignore tout. Fabian Nicieza raconte une histoire centrée sur un homme surpuissant, mais qui a besoin de se redécouvrir, voire même peut-être de se découvrir pour la première fois. Loin de nous l'idée de dire que c'est génial, en fait c'est même typique de ces mini-séries que nous lisons ces dernières années, c'est-à-dire quelque chose d'agréable sur le moment, mais qui on le sent manque tout de même de panache, de grandes ambitions. Le dessin est l'œuvre de Ron Garney, qui est vraiment un des artistes que j'ai le plus apprécié ces dernières années; il a fait évoluer son trait et sa capacité de bluffer le lecteur est désormais totale, mais ici c'est du Garney "à l'entraînement", tout en retenue, loin d'exprimer tout le potentiel dont il est capable. Il livre une prestation parfois un peu bouillonne et se contente de très jolis double splash pages pour montrer de quoi il est capable. Oui c'est sûr, venant d'autres artistes j'aurais quand même parlé de fort beau travail, mais de la part de Ron, je le répète, nous sommes un cran en dessous de ce à quoi nous étions habitués. En définitive un album à réserver aux fans du personnage, qui auront plaisir à le retrouver et à espérer une future évolution pour un rôle inédit dans l'univers Marvel, encore qu'avec Grant Morrison nous avions eu droit à un véritable Juggernaut réformé et attendrissant. Vous pouvez donc tenter l'investissement, mais n'ayez pas d'attentes démesurées. 

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