WOLVERINE BLACK, WHITE & BLOOD : SPECTACLE EN GRAND FORMAT

 


Tout d'abord l'objet en soi. Le format. Panini Comics a mis les petits plats dans les grands, en proposant un album qui dépasse de loin ce qui est habituellement proposé en librairie; du coup le travail des artistes présents à l'intérieur de l'ouvrage est valorisé; ils voient leurs histoires magnifiées par des dimensions plus que respectables. Mais de quoi s'agit-il vraiment? Vous aurez peut-être remarqué que ces derniers temps une nouvelle marotte a saisi les différents éditeurs, à savoir présenter des anthologies, des sélections de récits plus brefs qu'à l'accoutumée (une dizaine de pages la plupart du temps) reliés entre eux par un fil conducteur artistique, l'emploi de certaines couleurs par exemple, plutôt que d'autres. Ici il s'agit de Wolverine, qui a pour spécialité la découpe au kilomètre, la grande subtilité et des griffes acérées. Du coup Black, white and blood, ça veut dire que le travail des dessinateurs consistera à illustrer le tout dans un splendide noir et blanc riche en contraste, mais aussi avec du rouge, comme l'hémoglobine qui coule à flot. Ce qui est intéressant avec cet album, c'est que les dessinateurs qui participent sont la plupart du temps des personnes qui connaissent bien le mutant griffu, et certains d'entre eux sont carrément capables de livrer des prestations dantesques, comme c'est le cas dès l'ouverture des hostilités avec un Adam Kubert qui orchestre le duel entre Wolverine et le Wendigo. C'est super sauvage, ça explose, et on a même droit à une double splash page qui va vous faire décoller les mirettes. En plus ça se passe à l'époque où le personnage est encore le prisonnier des expériences tragiques de l'arme X, avec tout cet attirail technologique sur le dos. Parmi les autres dessinateurs de grand talent, Salvador Larroca aussi réalise quelque chose de très intéressant pour les yeux. On a rendez-vous à Madripoor, avec en guest star Kitty Pryde, qui démontre qu'elle aussi sait être impitoyable en cas de besoin. Et c'est ce bon vieux Chris Claremont qui écrit ces pages, ce qui ne se refuse jamais. 



Rosenberg et Cassara évoquent eux les liens qui unissent Wolverine et Nick Fury, le Shield. Ce qui est logique, car nous sommes là en face de personnages qui vieillissent très lentement, et se fréquentent depuis des décennies, y compris dans des contextes belliqueux d'un autre âge; un autre petit récit fort soigné, avec une conclusion franchement très hardie, même pour Wolverine (entendons-nous bien sur les limites de son facteur autoguérisseur, qui ne peut tout de même pas réparer l'irréparable). Sur ce sujet, le Wolverine de Brisson et Kirk, face à des requins et la menace d'une noyade, a compris les particularités de cette faculté mutante, et les artistes exposent une perspective peu réjouissante, mais qui a du sens, et donne quelques sueurs froides, à bien y penser. On trouve aussi du Chris Bachalo dans cette ouvrage, mais pour une fois, bien que nous sommes de fervents admirateurs du style du bonhomme, on reste assez perplexes devant le côté brouillon ou pas très lisibles de ses planches, qui sont loin d'être les plus belles de sa carrière. Juste avant, Ridley et Fornes mettent en scène Wolverine, Mariko, et leur fille, et force est de le constater, l'absence de vraie fibre parentale chez Logan est patente, et la source d'une tragédie familiale poignante, très bien illustrée par l'artiste espagnol, qui se bonifie de mois en mois (attendez de lire son Rorschach, vous comprendrez, après Batman). Plaisir des yeux avant tout, donc, mais aussi ouvrage qui fait référence à une longue et riche existence éditoriale, ce petit géant sorti chez Panini est clairement réservé à celles et ceux qui aiment sincèrement le canadien teigneux, et qui le suivent depuis pas mal de temps. C'est soigné, classieux, plein d'action et d'émotion. Il est donc éternel, ce Wolverine? 



2 commentaires:

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

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