SWEET TOOTH THE RETURN : UN VOLUME 4 EN FORME D'ÉPILOGUE DOUX AMER


Nous avons longtemps pensé ne plus jamais revoir Gus, Le petit hybride. Vous savez, le héros de la série Sweet Tooth de Jeff Lemire, œuvre vraiment brillante, une histoire au long cours, par moment horrifique et déprimante, mais qui se termine de manière lumineuse et inattendue. Et puis un beau jour, la série télévisée tout d'abord prévue pour Hulu se concrétise, et débarque finalement chez Netflix. Dans le même temps, l'auteur canadien (par l'odeur alléché) revient sur sa création, avec une suite qui n'en n'est pas tout à fait une, dans le Black Label de DC Comics. Cette mini série en 6 parties reprend les codes de l'aventure originelle, mais elle en change les personnages. En effet elle se déroule bien des années plus tard et tous les héros que nous avons appréciés et suivis ne sont plus de ce monde; la situation s'est inversée, puisqu'à la surface ce sont les hybrides qui dominent, alors que des poches de résistance terrienne se sont formées et survivent dans des cités souterraines. C'est là que le "Père", une sorte de dictateur illuminé aux méthodes aussi autoritaires que prétendument spirituelles, organise en grand secret, dans son laboratoire, des expériences génétiques qui visent à rendre aux "humains normaux" leur suprématie perdue. Nous retrouvons également un hybride qui ressemble comme deux gouttes d'eau à ce cher bon vieux (et pourtant jeune) Gus. Nous comprenons d'emblée que ce ne peut pas être lui, pourtant il semble en avoir les souvenirs, jusqu'à des hallucinations, avec l'apparition de ce grand gars costaud que le lecteur connait sous le nom de Jepperd. Sweet Tooth the Return a donc l'intelligence de conserver un jeu de cartes plus ou moins semblable, pour entamer une partie différente. Ici le gamin attendrissant est en fait traité comme un oiseau en cage, empêché de sortir d'un périmètre bien délimité. On lui a brandi sous le nez une menace fantomatique et on lui a fait croire qu'il était le seul dans son cas particulier. Comme toujours, c'est la compagnie de nouveaux amis, l'entraide, qui vont venir mettre à mal cette solitude et changer la donne.




The Return, c'est encore Jeff Lemire lui même qui en parle le mieux. Cette histoire devrait vous sembler familière, mais aura aussi quelque chose d'entièrement nouveau. J'ai travaillé dur pour créer quelque chose qui n'était pas seulement une refonte de l'original. Qui préserve l'atmosphère et de nombreux thèmes de la série de départ, mais les projette en racontant un tout nouveau récit. Je ne veux pas encore révéler de détails. Mon objectif était de rendre cette nouvelle histoire complètement compréhensible pour les nouveaux lecteurs, mais aussi pleine de liens vers l'originale. C'était amusant de réaliser ce type de superposition, il y a des éléments qui reflètent l'original, mais en même temps cela continue dans une direction très différente. En réalité la lecture de ce prolongement de l'aventure n'est pas indispensable, vous pouvez très bien considérer que vous avez lu tout ce que vous souhaitiez lire, sans perdre un chapitre décisif de la saga, mais si vous optez pour le plaisir d'un supplément, vous aurez vraisemblablement beaucoup d'émotion et de plaisir à replonger dans ce qui est, à mon humble avis, une des maxi séries majeures du XXI° siècle. Ici le miroir est condensé, n'a pas le temps de mettre en scène ces parcours initiatiques et horrifiques qui ont fait la gloire de Sweet Tooth, alors le jeu de Jeff Lemire est de proposer de lointains échos, des figures familières (non plus Jepperd, mais un colosse à corps d'éléphant, par exemple, non plus une hybride porcine, mais une jolie petite jeune fille répondant au nom de Sara) qui semblent le double sémantique d'autres personnages, pour rappeler les enjeux majeurs de ce titre feel good, à savoir que rien ne peut briser ou compter d'avantage que la famille, les amis, l'entraide, l'espoir. Parfois ça fait vraiment du bien! 



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