MATRIX RESURRECTIONS : UN (PRESQUE) GRAND RETOUR !

 


🎬Matrix Resurrections (de Lana Wachowski)

Le quatrième et nouveau volet de Matrix est bicéphale. Et soyons honnêtes d'emblée, la première partie est de loin ma préférée. Il fallait recoller les morceaux, sortir les jouets de la boîte, et Lana Wachowski y parvient avec dextérité et cette touche d'humour froid et désabusé qu'on peut souvent se permettre quand on entreprend de déconstruire une œuvre, pour s'adonner aux joies de la méta-narration. Si le spectateur a vu les trois premiers, il est forcément de connivence, et la mise en abyme de ce qui fut une des franchises les plus marquantes de l'histoire moderne du cinéma (tant pour le fond que surtout la forme) est réussie, avec de surcroît cette fascination de voir les ravages du temps sur les personnages principaux. La matrice n'empêche pas les rides ou les pattes d'oies. Resurrections n'abuse pas de cette maîtrise formelle qui fit les grandes heures des précédents. Ce fut le choc visuel, ce sera désormais, là aussi, une manière de tenir le passé à distance, comme à vouloir être sarcastique envers cette esthétique révolutionnaire, depuis intégrée par un peu tout le monde. Hormis une paire de scènes hautement spectaculaires (bien entendu le final, par exemple) le volume 4 reste modeste et frugal sur ce point. Là où le film commence à décevoir, c'est logiquement quand nous replongeons pour de bon dans la dualité entre la dimension fictive (qui serait en fait la nôtre, la vraie) et l'univers de la matrice. Illusion désirée et choyée, ou réalité sordide et cauchemardesque, bonds de l'un à l'autre, règlements de compte et histoire sentimentale assez convenu (Neo et Trinity vont-ils se retrouver? La véritable question est à quelle minute du film cela va se concrétiser...) font que Matrix Resurrections devient presque banal, ressemble alors à n'importe quel produit SF d'aujourd'hui, et dont il serait paradoxalement une des grandes sources d'inspiration. Du coup Wachowski a l'intelligence d'emprunter à son tour aux héritiers, avec une scène qui n'est pas sans lorgner vers les zombies de Walking Dead, à la sauce numérique. On sort de ces deux heures avec l'impression d'avoir regardé un film plaisant mais qui a perdu de son cachet en se prenant au sérieux, après avoir promis et annoncé une réjouissante ironie lors des prémices. On est passé près de quelque chose de fort, de beau, d'intelligent. Près, mais à côté.

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