RADIANT BLACK : LE NOUVEL UNIVERS DE KYLE HIGGINS CHEZ DELCOURT

 


Je ne sais pas à quoi ressemble votre vie mais j'espère pour vous qu'elle n'est pas semblable à celle de Nathan Burnett, le protagoniste de Radiant Black, la nouvelle série proposée par Delcourt. Parce qu'arriver à la trentaine et retourner vivre chez ses parents, parce que incapable de s'assumer financièrement et de couvrir toutes les dettes contractées, ça n'est jamais quelque chose de très agréable. Nathan était convaincu qu'il pouvait vivre de ses écrits, devenir un romancier important, mais le premier roman qu'il était censé fournir à son éditeur n'a jamais décollé et il est désormais seul et dans de mauvais draps. Le seul avantage au retour dans le foyer familial, c'est de retrouver un ami d'enfance, Marshall, qui s'empresse dès le premier soir d'organiser une virée des bars, le genre d'événement régressif pour se souvenir du bon vieux temps. Que pouvait-il se passer de pire qu'une cuite carabinée et la nécessité de dessaouler au petit matin ? Et bien, probablement la rencontre avec une étrange forme d'énergie, une sphère sombre ressemblant à un mini trou noir. Voilà une situation inédite ! Il a suffi que Nathan lève le bras et touche l'apparition pour qu'il se retrouve automatiquement investi des pouvoirs du Radiant Black, c'est-à-dire qu'il se voit doté un costume rappelant vaguement celui d'un Power Rangers, et des facultés incroyables, comme celle de voler, de posséder une super force ou d'émettre des rafales d'énergie. Très vite, les deux compères vont essayer de tirer profit de la situation en tentant de rendre service, même si de manière maladroite, puis en apprenant à se servir de cette énergie, avec un entraînement rudimentaire qui n'est pas sans rappeler celui du jeune héros de Superior (écrit par Mark Millar). Et bien entendu qui dit grands pouvoirs dit aussi grandes responsabil... euh non, grands ennemis ! Car à peine le temps de souffler, voici venir un avatar rouge.. ? 


Radiant Black est comparé par certains (par beaucoup, Robert Kirkman en tête) à Invincible. Et en effet, on peut dresser des comparaisons, tout comme on peut en faire avec les comic books de Stan Lee dans les années 60 chez Marvel. Le postulat de départ suit une chaîne de causes à effets assez simple dans son déroulement. Problèmes personnels – événement exceptionnel – apparition de super pouvoirs – tentative de comprendre et de maîtriser les pouvoirs – lutte contre un antagoniste. Si le héros d'Invincible ou le Peter Parker de Lee et Ditko sont des ados encore capables de s'émerveiller ou de déprimer comme des gens de leur âge, Nathan est un adulte, qui est déjà entré dans la seconde phase de son existence, celle où les désillusions ont pris peu à peu la place des rêves. Pour autant, Radiant Black sait aussi surprendre. Passés les trois premiers épisodes clairement introductifs, le titre de Kyle Higgins bifurque tout à coup vers autre chose, ose des rebondissements qui le propulsent dans une catégorie différente, et c'est là que l'univers « Radiant » va pouvoir s'affirmer. Au dessin, Marcelo Costa livre une prestation de bonne facture, avec un trait assez lisse, voire impersonnel, qui digère très bien les influences du manga et de l'animation japonaise, pour proposer un produit qui touche principalement un public jeune (c'est bien connu, les anciens veulent du Romita ou du Buscema). Higgins aussi joue dans cette cour de récré ; et ce genre de série, qui n'est pas sans rappeler les Power Rangers, où il a su écrire des histoires qui ont emporté l'adhésion du plus grand nombre, ou encore Ultraman, c'est du cousu main pour lui. Radiant Black ratisse alors large, et bâtit progressivement un univers narratif qui sous couvert d'une apparence désinvolture et facilité d'écriture, va se densifier et se crédibiliser mois après mois. Le tome 1 est bien prometteur, même si ce n'est qu'une mise en bouche des possibles exprimées, et qui ne sauront tarder à se manifester. Nous, on sera là pour la suite.

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