C'est une histoire de famille, entre deux frères. Eric, le vilain petit canard, et Nicki, le prédestiné, celui qui réussit ses études et à qui un futur de gagneur tend les bras. Ces deux-là ont passé leur enfance à se poursuivre, à reconstruire les scènes de leur comic books préférés, déguisés en super héros. Nicki porte juste un masque tandis qu'Eric possède un vieux morceau de tissu, une cape qui fait de lui, en général, le vilain de l'histoire. Jusque-là rien de bien exceptionnel, c'est même probablement une scène d'une banalité affligeante si on considère la manière dont ont grandi tant de petits Américains, qui sont aujourd'hui des adultes. Sauf qu'un jour, c'est l'accident ! Patatrac, Eric fait une chute accidentelle du haut d'un arbre et la tragédie va lui laisser des séquelles. Non seulement il va se retrouver pendant de longs mois à l'hôpital, mais il conservera par la suite de très violents maux de tête qui rendront son existence pénible. Mais le plus étonnant dans l'histoire, c'est qu'avant la chute, pendant quelques instants, les deux garçons ont eu l'impression que l'infortuné pouvait voler. À partir de là, la vie continue. Au fur et à mesure que l'accidenté se remet, les différences se creusent par rapport au frérot, qui parvient à accéder à la prestigieuse école d'Harvard et à devenir un médecin réputé, dans son hôpital. Eric réussit certes à trouver une petite amie, qui lui permet de passer de bons moments, mais leur relation finit par battre de l'aile, devant le manque d'ambition et les échecs répétés qui s'accumulent. Du coup, ça se termine inéluctablement en séparation. Qui dit séparation dit aussi souvent dépression, sauf que là, en plein creux de la vague, notre ami Eric remet la main sur la fameuse cape, que sa mère avait pourtant promis d'avoir jetée… et oh surprise, il n'avait pas rêvé, le voici capable de voler !
Il s'agit ici de l'adaptation d'une nouvelle de Joe Hill, le fils de Stephen King pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, au format comic book, par Jason Ciaramella. La question qui se pose n'est pas nouvelle; que feriez-vous avec un grand pouvoir, si vous aviez aussi au fond de vous une grande haine, ou qu'en tous les cas vous traversiez une période horrible de votre existence ? C'est exactement ce qui se produit avec Eric. Un sentiment de frustration, de ne pas être à la hauteur par rapport aux attentes, une famille qui n'a pas su être là comme et quand il le fallait, et une relation sentimentale qui prend l'eau, avec une petite amie qui semble lui préférer son frère. Bref, il n'en faut pas plus pour que celui qui tout à coup découvre qu'il peut voler, pète littéralement un câble comme le veut l'expression consacrée. Le fait de pouvoir voler est une chose, mais tuer sans se faire prendre, arriver à ses fins sans avoir la police à ses trousses, c'en est une autre… ça a l'air simple dit comme ça, endosser une cape et foncer vers la lune, mais en fait, au moindre faux pas, la réalité vous rattrape. C'est exactement ce qui va se passer ici, et plutôt que de paniquer ou de se rendre, Eric va passer à la vitesse supérieure et régler ses comptes d'une horrible manière. Très sincèrement, c'est une lecture plaisante, qui plus est bien mise en image par un Zack Howard fortement aidé par la vibrante palette de couleur de Nelson Daniel. Cette bande dessinée, qui avait déjà été proposée chez Milady, revient donc au catalogue de Hi comics et s'avère particulièrement recommandable pour tous ceux qui aiment ce genre de récit, où les rôles sont inversés, où celui qui a des pouvoirs n'est pas là pour le bien de l'humanité mais pour extérioriser toute la souffrance et l'insécurité qui l'habitent. À noter qu'au début du mois de juillet, l'éditeur (re)publie également ce qui est une sorte de préquel, The Cape 1969. Puis le dernier volet de la trilogie, The Fallen, qui est prévu fin août. Se laisser tenter est une bonne idée si vous ne connaissez pas encore ce(s) récit(s).
Celui-ci est prévu le 24 août
Dernier volet de la trilogie
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