ULTRAMEGA : LES KAIJUS DE JAMES HARREN CHEZ DELCOURT


 Voici enfin venir chez Delcourt Ultramega, dont le titre tient autant de l'hyperbole réjouissante que du pléonasme surprenant. Derrière des créatures géantes qui ne sont pas sans rappeler des sortes de Bioman (ou mieux encore X-Or, si vous avez comme moi de bons souvenirs des années 80) se cache une série singulière écrite et dessinée par James Harren, qui récupère des idées et des concepts désormais éculés pour en faire quelque chose qui va au bout de ses idées et innove. Vous savez tous ce que sont les Kaijus, ces gros monstres japonais qui sèment la terreur lorsqu'ils apparaissent dans les grandes villes. Ici, ils sont en réalité le résultat d'une infection venue de l'espace, qui frappe aléatoirement les terriens. Pour faire face à la maladie et contrer les terribles kaijus qui dévorent tout ce qui bouge et semblent avides de destruction, une entité extraterrestre est apparue en songe à trois terriens et les a dotés de pouvoirs formidables. L'un d'entre eux devient un super technicien qui fabrique des robots pour lutter contre la menace endémique, un autre a quelques peu disparu des radars et s'est mis en retrait, le troisième (Jason) est au centre de la grande première partie de notre album, puisque c'est lui qui va au charbon et fait face au chaos engendré par les kaijus. Cependant, sa propre histoire familiale finit par engendrer une menace d'un niveau encore plus puissant, qui va nécessiter l'union de tous ceux que l'on nomme les Ultramegas, dans un combat dantesque qui dépasse de très loin ce que vous avez pu lire dans le genre. En général, ça se termine toujours bien, avec des héros qui trouvent une parade en utilisant leur super pouvoirs, c'est-à-dire des coups de poing atomiques ou des inventions fantasmagoriques. Ici, attendez-vous à être choqués car ça va plutôt se terminer les tripes à l'air. Et l'artiste, déjà connu pour sa grande dextérité et son amour des ballets sanglants et gigantesques, décide de faire très fort et de ne pas ménager les effets. L'ensemble est donc percutant et risque de laisser des traces durables sur vos rétine exposées.



Après des débuts en fanfare qui dégoulinent d'hémoglobine, la seconde partie change un peu de ton et se concentre sur la société post-kaijus, des années après le terrible affrontement qui est décrit dans les 60 premières pages. L'avenir est bien sombre et les humains qui subsistent sont clairement dépendants de la société des kaijus, qui entre-temps connaît elle aussi une certaine forme de décadence. Les gros monstres d'autrefois ont désormais des dimensions beaucoup plus modestes et se repaissent de sortes de jeux du cirque modernes, organisés dans une arène appelée le Koliseum, avec un k s'il vous plaît. Si tout la partie médiane de l'album ralentit donc au niveau du rythme, les événements s'enchaînent et repartent de plus belle vers la fin, pour une conclusion provisoire qui reprend les éléments de départ, c'est-à-dire des tripes, de la baston à n'en plus finir des scènes choc. Harren semble énormément s'amuser avec cette nouvelle créature et il faut dire la vérité, la plupart du temps, il parvient à nous maintenir en éveil, non seulement avec un dessin ultra énergique, une sorte de croisement entre Mignola, Darrow et Warren-Johnson, mais aussi une histoire qui n'hésite pas à secouer les intestins du lecteur et ne ménage pas tous les protagonistes qui peuvent un instant occuper la scène. Du coup, si vous savez ce que vous allez lire, vous ne serez pas déçus; le côté récréatif et grand guignolesque de l'ensemble est très efficace, excellemment mis en images et présenté dans une édition à la hauteur par Delcourt, avec un grand format cartonné luxueux qui propose également toutes les belles variant covers à la fin. Ultramega chouette?






2 commentaires:

  1. Pas encore assez grand format pour moi je dois avouer... Mais c'était tout de même chouette de le relire ainsi.

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Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

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