LA NUIT DE LA GOULE : HORREUR SUR GRAND ECRAN AVEC SNYDER ET FRANCAVILLA


 Un passionné de cinéma d'horreur mène une enquête aussi risquée que difficile au sujet d'un film appelée "La nuit de la goule", qui n'a jamais été dévoilé au public, pour une raison toute simple : les bobines du film ont été détruites lors de l'incendie des studios, qui a aussi causé des brûlures irréversibles chez le réalisateur, un certain Merrit. Ce dernier a depuis disparu de la circulation et on le retrouve aujourd'hui dans une maison de retraite, enregistrée sous un nom d'emprunt. Interrogé par notre enquêteur amateur, celui qui semble avoir perdu la boule et être victime de crises délirantes révèle une vérité angoissante. Le long métrage ne serait pas uniquement une œuvre de fiction, mais une histoire vraie, celle de son propre père, qui est revenu de la guerre avec au fond de lui une sorte de parasite qui le pousse à dévorer des cadavres, pour acquérir toujours plus de puissance. Ce monstre qui contamine tout le monde, cette bête qui tire sa subsistance de la putréfaction, c'est la Goule. Et c'est bien de révéler sa présence dont il s'agissait dans le film, dont la fin était censée révéler l'horrible vérité que personne ne souhaitait voir. D'ailleurs, même l'institut de santé où se déroule notre récit cache de sombres secrets. Ce serait apparemment une prison; tout du moins, c'est ce que prétend le patient (Merrit), qui serait régulièrement empoisonné et retenu contre sa volonté. Une ambiance à tirer au couteau s'installe alors dans cet album, avec d'un côté des scènes du présent (celles de l'échange entre deux hommes qui révèlent une conspiration horrifique) et des fragments issus du passé, qui sont en fait les images du film La nuit de la goule qui ont pu être visionnées.


Si vous vous attendez à une bonne bande dessinée d'horreur, cette troisième sortie signée Scott Snyder sur son nouveau label Best Jacket Press est vraiment une perle du genre. Il y a un signe qui ne trompe pas dans ce domaine, c'est lorsque au fur et à mesure des pages, vous vous rendez compte que vous lisez de plus en plus vite. Non pas parce que vous survolez l'histoire, mais parce que vous êtes en immersion, totalement pris et qu'il est impossible de ralentir l'allure, l'adrénaline vous poussant à vous jeter tête baissée dans l'aventure. Tout ceci est d'autant plus vrai que Francesco Francavilla signe des planches réellement sublime, avec une maîtrise des ombres, des clairs obscurs appuyés, des jeux de lumière blafards, tout en gardant des tons chauds dans les scènes clés, ce qui n'est pas simple quand il y a une unité de temps et de lieu, que l'essentiel de l'histoire se déroule la nuit et dans un centre de soins. La goule ici présente, c'est l'incarnation de bien des légendes, c'est le mal absolu tel qu'on peut le craindre et qui en même temps nous fascine tous depuis des siècles. C'est une histoire d'horreur, mais aussi de transmission, puisque Merrit, le réalisateur, a découvert l'existence du monstre et de la secte qui le vénère lorsque son père a été possédé. Il en est de même avec Forest, notre enquêteur, qui a emmené son fils avec lui le soir du drame, qui va donc lui aussi assister aux premières loges à tout ce théâtre de l'horreur qui nous est exposé, dans cet album. Indiscutablement une belle réussite, pour un genre qui actuellement vit une seconde jeunesse : on ne compte plus les parutions qui ont pour objectif de nous faire trembler. Toutes n'ont pas forcément la qualité de la Nuit de la goule qui s'inscrit déjà comme un des moments forts de l'angoisse et de la peur de cette année 2023.





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