Nous y consacrons un espace conséquent, vous l'avez remarqué ! Voici donc la suite des aventures des WildC.A.T.s par Jim Lee, le volume 2 des origines, telles que publiées par Urban Comics. Un second tome qui commence de manière un peu plus tranquille, après un focus de quelques pages sur la splendide Vaudou. On retrouve une partie de l'équipe embarquée pour une croisière, chargée d'enquêter sur la disparition d'un navire dans le Triangle des Bermudes. Bien entendu, les choses vont très vite déraper et ce sera l'occasion pour le mentor Jacob Marlowe de se retrouver face à Entropy, celui qui fut autrefois une sorte de frère de sang au combat et qui a perdu la tête, depuis la mort de sa compagne. Une histoire assez tragique, qui permet au passage de commencer à lever le voile sur l'existence désormais oubliée de celui qu'on appelle aussi Lord Emp. Les épisodes suivants s'avèrent extrêmement complexes. La raison est simple : voici que Chris Clermont débarque chez Images Comics, pour une histoire en 4 parties intitulée Le Passage. Le scénariste des X-Men applique des recettes (alambiquées) qu'il a déjà expérimentées avec les mutants. Il fait apparaître de nouveaux personnages, dont la sœur de Zélote, une certaine Savant. Sans oublier le Chasseur, un traqueur badass qui aurait du bénéficier de sa propre série mensuelle. Claremont complexifie énormément les enjeux avec une sorte de race extraterrestre parasite (les Rackshas), des créatures qui possèdent les corps de leurs victimes, et aussi une super vilaine/sorcière tout aussi désirable que dangereuse (Tapestry), capable de mettre la pâtée à tout le monde, y compris à Zélote, pourtant la plus puissante des héroïnes des WildC.A.T.S .Tout le monde tape sur tout le monde, une partie de notre groupe de héros se retrouve possédée et va donc devoir affronter les autres. Au milieu de ces combats incessants, on a même des changements qui arrivent comme un cheveu sur la soupe, comme lorsque Zélote se voit affublée d'une longue chevelure en un instant, lorsqu'elle parvient à se libérer de sa possession. On sent également poindre en fin d'aventure la tentation pour le bon vieux Chris de rééditer le coup du sacrifice de Jean Grey, quand elle devient le Phénix noir. Zélote (toujours elle) incarne à son tour le réceptacle d'un pouvoir si grand qu'il ne pourra que la consumer avec le temps. La question se pose de décider s'il va falloir la tuer ou la laisser se sacrifier. Elle va finalement accepter de renoncer à une partie de ce pouvoir, en subissant une sorte d'intervention chirurgicale psychique, avec plusieurs de ses alliés. Si on parvient à tout comprendre et à suivre les enjeux qui sont assez nébuleux par moments, on peut prendre du plaisir avec cette histoire qui est vraiment typique des années 1990 et qui plus que jamais nous rapproche de l'ambiance générale des épisodes de Claremont à l'ère de gloire des mutants, les X-Men.
Ce second volume des origines des WildC.A.T.s peut aussi incarner ce que certains appellent le coïtus interruptus : si vous n'y prêtez pas garde, vous pourriez être surpris, car il s'agit ici des épisodes mythiques scénarisés et dessiné par Jim Lee. Dès l'instant où le créateur du groupe décide de se mettre en retrait pour s'occuper de son second enfant, Urban Comics botte en touche et invite les lecteurs qui veulent découvrir la période Alan Moore/Travis Charest à se procurer un troisième ouvrage, qui porte le titre de évolution et que nous chroniquerons ici même, dans les jours à venir. Par contre, ce second volume permet de replonger à la grande époque des crossover intercompagnies, puisque les WildC.A.T.s rencontrent les X-Men, sous la férule de Scott Lobdell. L'histoire se déroule dans un univers indéfini et se concentre surtout sur Grifter, qui est recruté par Nick Fury, le patron du contre-espionnage américain, pour affronter la menace des parasites Broods, des extraterrestres qui sont aussi les ennemis ataviques des mutants. Ces derniers, sous la forme de la première mouture de l'équipe, vont entrer en scène, ainsi que Mister Sinister. Ensuite, nous faisons un bon en avant jusqu'au numéro 50 de la série régulière WildC.A.T.s pour quelques pages, celles dessinées par Jim Lee bien entendu… puis nous nous propulsons en 2006, avec la première partie d'une grande aventure avortée, WorldStorm, scénarisée par Grant Morrison. Ce dernier avait l'intention de mettre sur pied une intrigue avec des personnages plus matures; oubliez la période adolescente des WildC.A.T.s, faite avant tout de combats et d'action, place à une version plus désabusée de ces personnages, qui utilisent leur pouvoir pour arriver véritablement à leur fin, quitte à se mêler de géopolitique et des grandes orientations pour la sauvegarde et la direction de la planète. Une vraie ambition, avec notamment une réécriture du personnage de Spartan et de sa relation avec Vaudou, très réussie. Hélas, le projet a vite capoté, Morrison ne parvenant pas à respecter les délais infernaux qui lui étaient imposé. C'est l'occasion aussi de voir que le style de Jim Lee a évolué au fil des ans : s'il a toujours été un dessinateur hors pair, il est incontestable que la qualité et la finesse de son trait a fait plusieurs pas en avant durant les années 1990, pour atteindre, dans la décennie suivante, une forme de maturité, corrigeant certaines des erreurs et des outrances du passé et lui permettant de devenir un maître plasticien, qu'il est toujours aujourd'hui. Ce second volume se termine par un numéro insolite, permettant de mieux cerner la version animée des personnages. De quoi ravir ceux qui ont suivi cette série WildC.A.T.s sur Canal+ lors de sa diffusion en France. Terminons avec un point important : la retraduction de ces épisodes, cette fois confiée au spécialiste Edmond Tourriol, qui livre aussi quelques pages de rédactionnel avisées. Tant qu'à faire, autant se reposer sur ce qui se fait de mieux dans le genre, afin d'avoir la certitude d'une édition qui compte, digne de figurer sur vos riches étagères.
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