En 1990, il décide de proposer sa version du Sub-Mariner, revue et corrigée pour le public de la fin du siècle. Exit le super-héros incompris et rageur, place à un mutant enfin libéré de ses angoisses, plus posé, qui se lance dans le monde de la haute finance pour protéger efficacement les mers dont il est le gardien écologiste implacable. Scénario et dessins, on n'est jamais aussi bien servi que par soi même, surtout lorsqu'on a du talent. Première mesure, expliquer les sautes d'humeur d'un Namor irritable. Pour ce faire, notre héros rencontre dès les premières pages Cab Alexander, un vieux scientifique amateur, et sa fille, dont il va par la suite tomber amoureux. Cab lui explique avoir deviné la source du problème : un déséquilibre sanguin occasionné par le trop plein, ou la carence en oxygène, consécutive à la dualité terrestre/amphibienne du Prince des mers. Dès lors, Namor décide de profiter de sa nouvelle stabilité caractérielle pour investir la finance, via une compagnie écran, la Oracle Incorporated. C'est en puisant dans les innombrables trésors qui jonchent les reliefs marins qu'il va lever des fonds et lancer sa nouvelle croisade. Qui va lui valoir de perfides nouveaux ennemis, comme les jumeaux Marrs, rivaux à la bourse. Ce qui ne l'empêchera pas de tomber amoureux de la sœurette, à elle seule sorte de gravure de mode ultime du monde de Wall Street d'il y a trente ans. Vous l'avez forcément deviné, notre héros du jour est un chaud lapin. Byrne met ensuite le mutant aux prises avec le Griffon (qu'il dompte aisément) et une créature engendrée par la pollution ambiante, un certain Slug, et lui fait éviter une catastrophe écologique provoquée par des fanatiques de l'environnement. Le Namor de notre omnibus est certes un homme d'affaires, il comprend parfaitement les rouages de Wall Street et il réussit très rapidement à se faire une place parmi les noms qui comptent, parmi les capitaines d'industrie craints et respectés. Mais c'est aussi un écologiste convaincu : il sait le drame de la pollution de notre planète, notamment des océans, dont il est après tout le souverain, et une de ses ambitions évidentes est de ramener un peu d'équité et de propreté dans le débat. Nous pouvons ainsi dans le 6e épisode voir la jeune cousine Namorita prise au piège du cauchemar écologique qu'est Slug, tandis que dans le même temps les jumeaux Marrs acquièrent une importance capitale dans la première partie de l'omnibus, car ils représentent la version diabolique du monde des affaires, des gens sans aucun scrupule et qui ont même d'ailleurs un rapport assez ambigu entre eux. Certes, Phoebe met peu à peu mais de l'eau dans son vin, tandis que le frère, lui, semble être une pourriture que rien ne peut racheter. Namor va aussi croiser la route du Griffon (qu'il va dompter et utiliser comme un coursier ailé) et de Headhunter, la chasseuse de têtes qui permet d'écrire un épisode assez étrange où le lecteur est induit (à tort) à penser que Namor a perdu la sienne ! Un Namor qui perd vraiment ses jolies petites ailes aux pieds, et donc sa faculté de voler, suite à l'exposition à l'agent viral qui a permis de le sortir d'affaire contre la créature composée de déchets, dont nous vous avons déjà parlé. Suivront les créatures végétales de K'un Lun (les H'yltris) et le retour sur scène de Iron Fist, que tout le monde croyait mort. Une visite en Allemagne, à peine réunifiée, pour un mano a mano contre les restes du troisième Reich, guidés par Master Man, le super soldat vert de gris. Le tout avec brio, humour, un sens certain de la narration fluide, et des dessins lumineux et toujours d'une lisibilité appréciable. Byrne restera 25 numéros durant, avant de céder le flambeau à un artiste alors quasi inconnu. Mais qui ne va pas le rester longtemps…
Malheureusement, pour un ouvrage si attendu, de 90 euros, on pouvait s'attendre à une dernière couche plus soignée, pour éviter certaines erreurs étonnantes (la première à la… première page) ou des formulations malheureuses. Panini continue de faire relire et/ou de lettrer en Italie, sauf erreur de ma part. C'est un vrai problème. Exemple flagrant ici :
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