C'est une règle qui se vérifie toujours : si vous souhaitez obtenir des héros fascinants ou des séries passionnantes, il faut forcément qu'il y ait de l'autre côté de la scène un antagoniste qui en vaille la peine. Et d'ailleurs, l'antagoniste est parfois si charismatique qu'il parvient presque à prendre le dessus sur les forces du bien (dans l'imaginaire collectif) qu'il est censé défier. Bref, l'Energon Universe continue de s'étendre et après Duke, qui était censé être un album d'introduction au microcosme des G.I. Joe, voici venir Cobra Commander, autrement dit celui qui va être à la tête d'une organisation terroriste (Cobra, donc) et qui va s'affirmer comme le méchant parfait. Ici, nous avons une réécriture complète de l'histoire, qui commence tambour battant avec une alliance sinistre du nom de Cobra-La, qui envoie sur Terre le Cobra commander pour une mission qui prend la forme d'une dernière chance pour se racheter. Il faut mettre la main sur des ressources incommensurables en Energon, qui sont indispensables pour les projets futurs des criminels en orbite. D'autant plus que ces derniers détiennent (on le comprend très rapidement, au détour d'une seule planche) un certain robot de type "decepticon" du nom de Mégatron, que vous devez forcément connaître. Résultat, l'histoire plonge sur notre planète, dans les marais des Everglades, à la rencontre d'une bande de bikers ultra violents (les Dreadnoks) qui exploitent la ressource convoitée, et qui vont se retrouver nez à nez avec un Cobra Commander bien décidé à repartir les mains pleines.
La version de Cobra Commander représentée ici est en tous les cas beaucoup plus intéressante et potentiellement dangereuse que celle que nous avons rencontré dans la version animée; il a toujours eu un peu ce côté pleutre, cette volonté de nuire mais qui se termine souvent par une retraite stratégique loin d'être glorieuse. Ici, c'est un individu très motivé, capable d'endurer la souffrance et la torture, qui en impose, capable de se révéler beaucoup plus dangereux que ce que l'on pourrait croire à première vue. Une mouture plus crédible et c'est un très bon point pour la suite des événements. Reste à parler de l'équilibre et de la qualité intrinsèque de l'ensemble. Cette histoire n'est pas un ratage complet, loin de là, mais elle souhaite tellement tout dire ce qui peut l'être sur les origines de son protagoniste et de son organisation qu'elle donne l'impression d'un résumé rapide qui ne parvient pas à maintenir la tension et le mystère. De plus, elle offre une résolution trop rapide et superficielle à des questions qui auraient pu être développées pendant bien plus longtemps, comme le motif de la présence du masque de Cobra Commander. De nombreuses spéculations à ce sujet ont eu lieu au fil des aventures, et ici, on nous sert une "vérité" en quelques vignettes sans que ça soit très original ou que ça nous fasse bondir du fauteuil. On ne peut pas non plus dire que le dessin soit mauvais. Andrea Milana a un trait très dynamique, il produit des pages intéressantes, surtout au début, quand il parvient à donner un style très efficace à Cobra-La, mais le tout manque quand même d'un peu de caractère, de folie. Il n'y a rien qui attire l'œil ou qui semble novateur, nous sommes dans la synthèse de plusieurs influences, la contamination du comic book américain par l'énergie asiatique et européenne, qui est paradoxalement devenue… le standard en vigueur. Comme pour Duke, ce Cobra Commander est une mini-série en cinq numéros, qui permet de tisser des liens avec le monde des Transformers et de placer l'Energon au centre d'une vaste tapisserie, qui va des étoiles aux recoins les plus paumés de notre planète.
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