OMNIBUS PUNISHER PAR GARTH ENNIS : TOME 1


 Il est de nouveau possible de lire le Punisher de Garth Ennis et Steve Dillon au format omnibus, chez Panini. Joie pour les retardataires ! Au début des années 2000, l'anti-héros n'est pas franchement à son apogée. Les lecteurs ont découvert à la fin de la décennie précédente des histoires complètement extravagantes, qui ont trahi l'essence du personnage, à un tel point que nous avons même pu lire une sorte de vengeur mandaté par des anges, revenu sur terre après sa mort, pour dessouder des criminels. Le genre de délire furieux à vous dégoûter des aventures de Frank Castle. Par chance, tout change lorsque Garth Ennis, génial auteur irlandais au style sarcastique et ultra décalé, reprend en main le personnage. Celui-ci s'installe dans un immeuble modeste et tente de faire profil bas ; néanmoins il finit très vite par sympathiser (à sa façon bien entendu, pas question de faire des soirées Champions League devant la télé) avec une galerie de voisins savoureuse, allant de l'obèse solitaire au jeune fanatique de piercing, sans oublier une autre voisine célibataire et un peu dépressive, qui voit arriver cette armoire à glace et semble séduite, tout en n'assumant jamais son attirance. Des cookies pour faire tourner la tête de Castle, est-ce bien raisonnable ? Un Punisher qui préfère rester dans l'ombre et qui tente de planifier ses opérations en-dessous des radars, mais qui va avoir besoin d'être à la hauteur pour ce qui l'attend. En effet il va devoir s'attaquer à Ma' Gnucci et toute sa famille de mafieux, une terrible bonne femme qui va lui mettre de sérieux bâtons dans les roues, mais qui finira logiquement punie de la plus terrible des façons, dans un zoo, au cours d'une scène décapante dont Garth Ennis à le secret. Quand je vous dis que c'est hyper truculent, croyez-moi c'est vraiment drôle. En parallèle à tout cela, vous allez aussi faire connaissance avec Le Saint, une sorte de pourfendeur des bonnes mœurs qui tente de nettoyer son quartier de ceux qu'il estime être de la vermine, convaincu d'être dans son bon droit, voire même de suivre les pas du Punisher, avec un travail d'utilité sociale. On marche sur la tête. 

La force du Punisher de Garth Ennis, c'est la mise en opposition d'un personnage aux méthodes ultra expéditives, qui rivalise d'ingéniosité (en se servant des moyens du bord, sur l'instant, employant même des ours dans un zoo, par exemple) pour se débarrasser des criminels (une machine à tuer froide et implacable, sans le moindre remords) et la causticité, l'humour de tout le cast qui gravite autour de lui, et tempère le climat mortifère dans lequel évolue ce justicier voué à la solitude, malgré quelques alliés ou voisins de passage qui se rapprochent en vain de lui. Sans négliger le détective Soap, chargé d'appréhender le Punisher, exemple parfait de ces types totalement dépassés qui se retrouvent face à un individu et une situation tellement abnormes qu'ils regrettent vite le jour de leur rencontre. Les "vilains" aussi sont gratinées, et ils sont si pathétiques ou originaux que le lecteur ne peut s'empêcher d'adhérer, un gros sourire aux lèvres, comme avec Le Russe, une montagne de muscle sans cervelle capable de faire passer un sale quart d'heure au Punisher, et dont le destin vire carrément dans le troisième degré jouissif. Le dessin est donc principalement l'œuvre du regretté Steve Dillon. Décrié par certains puristes car limité (apparemment) aux niveau de la palette des expressions, de la représentation des visages et de la minutie des fonds de case, l'artiste est toutefois à l'œuvre dans un autre registre, celui de la transposition froide et sans fioritures de la réalité, avec un trait empreint d'un humour "pince sans rire" capable de transmettre les scènes les plus outrancières et de les rendre crédibles, exprimant l'horreur ou la violence indicible avec ce détachement et cette coolitude qui rappelle à chaque page qu'il s'agit avant tout d'entertainment, et du bon, puisqu'on ne s'ennuie jamais avec ce Punisher là. Vous trouverez aussi du Darick Robertson, avec des pages violentes et "sales" où tout ce que l'univers du Punisher a de glauque est parfaitement retranscrit (avec un Wolverine un peu idiot en invité surprise). Album hautement recommandé donc, surtout que le premier omnibus qui comprenait déjà tous ces épisodes est épuisé, et son prix sur les sites de ventes aux enchères est quelque peu décourageant. Il existait aussi la solution des Marvel Icons (collection que nous regrettons) pour cette dose indispensable de punitions en tout genre.



UniversComics, la communauté BD comics de référence

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

OMNIBUS PUNISHER PAR GARTH ENNIS : TOME 1

 Il est de nouveau possible de lire le Punisher de Garth Ennis et Steve Dillon au format omnibus, chez Panini. Joie pour les retardataires !...